Réconciliation nationale, lequel bout est-il le meilleur ?

Il n’est plus à parier que le chronogramme de Roch Marc Christian Kaboré, de réaliser la réconciliation nationale dans le courant du premier semestre après son élection ne sera pas tenu. Malgré leur bonne volonté d’y aller vite et bien, le président Kaboré et Zéphirin Diabré, son ministre d’Etat à lui directement rattaché et chargé de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale, ils n’y arriveront. En tout cas, pas dans l’intervalle de six mois. Car apparemment, même les pré-équations à réunir et à résoudre pour y arriver sont plus complexes qu’on ne les imaginait. Faut-il encore rappeler qu’entre les promesses électorales et la réalité sur le terrain, il y a un grand fossé ! Dans ce cas précis, tout porte à croire que c’est le terrain qui va commander la manœuvre.

En effet, tout le monde semble s’accorder sur le triptyque vérité d’abord, ensuite la justice et enfin la réconciliation. Ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi, mais concrètement par quel bout faut-il débuter tout cela et comment ? Car l’un des objectifs est de faire en sorte qu’il n’y ait pas d’impunité. Autrement dit, tous ceux qui auront dit la vérité, et s’il se trouve qu’ils sont coupables, seront punis. Mais, dans tout cela, qui va-t-il attester de la véracité de ce que tous ceux qu’on estime qu’ils ont commis des fautes vont dire ? Si la justice doit être inclusive, aussi bien en ce qui concerne les vaincus que les vainqueurs, qui l’organise en ce moment afin qu’elle soit effectivement juste et impartiale ? C’est là que se pose le type de justice qu’il faut pour convenir avec le contexte actuel du Burkina. Ce qui est évident, c’est que la justice classique aura beaucoup de difficultés à faire aboutir tous ces dossiers, de 1960 à nos jours, dans le temps et satisfaire tout le monde en même temps. C’est pourquoi, certains parlent de justice transitionnelle.

Si les Burkinabé veulent la réconciliation, ils ne trouvent pas exactement le bout par lequel il faut l’amorcer. Faut-il comprendre par-là les multiples rencontres, visites et audiences du ministre d’Etat Zéphirin Diabré ? Certainement, car l’un de ses objectifs est de prendre en compte les aspirations de tous ; de ceux qui sont censés être les victimes, mais également de ceux qu’on croit être les coupables et parfois vice-versa. C’est dans un tel contexte que Zéphirin Diabré et son patron doivent réussir à réconcilier des Burkinabé dont les positions sont parfois diamétralement opposées. C’est dire toute la complexité de la tâche qui les attend. Cependant, ils ne doivent pas être les seuls à vouloir et à réussir la réconciliation. Aussi, dans leur ensemble les Burkinabé doivent se convaincre que la véritablement voie du développement, du vivre-ensemble et de leur bien-être passe par une union sacrée autour d’objectifs clairs et précis. Ce qui est important, c’est le Burkina Faso d’abord. Comment devons-nous tous ensemble le bâtir et le léguer aux générations futures ? Tout le reste n’est que gesticulations inutiles.

Dénis Dafranuis SANOU