Boycott de la session du conseil municipal de Bobo, rien que pour ça !

Leur sortie était très attendue car, absents du conseil municipal qu’ils ont boycotté, on n’avait pas leur version des faits. Vendredi 17 juillet donc, ils se sont exprimés à travers une conférence de presse. Au cours de laquelle ils ont relevé deux griefs contre le maire de la commune : l’absence de «rencontres officielles» entre lui et eux et la gestion des engins lourds acquis par la commune qu’ils qualifient «d’opaque». Et c’est  tout ! Du coup, on a envie de se demander : ces deux raisons suffisent-elles à elles seules pour bloquer le conseil municipal de la deuxième ville du Burkina ? Surtout qu’il s’agissait de discuter d’importantes questions de développement (budget supplémentaire, réalisation d’infrastructures marchandes, lotissements…). Les boycotteurs doivent avoir d’autres raisons que la raison ignore. En tout cas, les Bobolais qui les ont mandatés pour les représenter au conseil municipal où ils doivent défendre leurs intérêts, attendent d’autres explications plus convaincantes. S’il se trouve que c’est vraiment tout, ils doivent demander des excuses. Car, on ne peut se comporter avec autant de légèreté quand on détient un mandat. Ils pourraient donner raison à ceux qui pensent qu’ils ne mesurent pas la portée des actes qu’ils posent. De mémoire de Bobolais, c’est la première fois que des conseillers municipaux bloquent une session du conseil municipal. Cela est d’autant plus grave que ce sont les conseillers municipaux du parti au pouvoir, ceux qui sont sensés diriger la ville. Ce sont bien eux qui ont bloqué (pour deux semaines au moins qui vont se répercuter sur le reste du temps) les actions de développement de la ville. Au moment où tous les acteurs courent pour rattraper le temps perdu, à Bobo, on en perd davantage. Pour des raisons aussi incompréhensibles qu’inutiles.

Aussi, de nombreux observateurs pensent que les véritables mobiles du boycott (qui n’honore personne) pourraient se trouver ailleurs. Du coup, on pense à cette histoire de demande d’autorisations spéciales de lotissements en complicité avec des agences immobilières. A Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou, la mesure portant suspension des opérations de lotissement n’est pas encore levée ni pour les maires (l’administration) ni pour les agences immobilières. Si bien que toute tentative de la contourner devient illégale et expose ses auteurs à des sanctions ou à des conséquences immédiates ou plus tard graves. Par conséquent, le maire de la commune, après le passage d’une commission parlementaire sur le foncier a, naturellement, fait un communiqué pour mettre tout le monde en garde. Celui qui s’entête, c’est à ses risques et périls. Malheureusement, il y en a qui étaient déjà allés assez loin.

Probable deuxième raison de ce boycott interne au parti au pouvoir, ce sont les élections prochaines pour lesquelles chacun veut déjà se positionner. En outre, les courants politiques au sein du parti MPP peuvent en être des raisons. Qu’à cela ne tienne, rien de tout cela n’est suffisant pour retarder le développement d’une ville déjà en retard. C’est vraiment à ne rien comprendre !

Denis Dafranius SANOU