Réconciliation nationale : Sereinement, Zéph tisse la toile

Réconciliation : la grande affaire par les temps qui courent. Pas un jour ne passe sans qu’il n’en soit question. On a les pour, les contre, les sceptiques et les indifférents. A chacun sa chapelle, sans parler de tous ceux qui en revendiquent la paternité. En tout cas, Zéphirin Diabré, le ministre d’Etat en titre, lui, ne chôme pas. On le voit partout et en tout temps. En tout cas, on ne peut nier son dynamisme : il est incontestablement fait pour le job. Quant aux résultats, c’est une toute autre chose.  On verra d’ici le forum.

Depuis sa nomination à la tête du ministère chargé de la Réconciliation nationale, le ministre d’Etat Zéphirin Diabré s’est lancé dans des concertations au point où certains se posent la question sur son schéma de réconcilier véritablement les Burkinabè. Et pourtant, c’est un dispositif cohérent qu’il a mis en place afin de parvenir à concilier les fils et les filles du Burkina Faso. Le voici ! L’express a enquêté sur ce dispositif.

A la tête du ministère chargé de la Réconciliation des Burkinabè, Zéphirin Diabré s’est entouré d’un cabinet « opérationnel pour sa mission », nous confie une source proche de son cabinet. « Il bénéficie dans le cadre de sa mission d’un cabinet bien étoffé avec de bons conseillers techniques, d’une direction de la communication réactive et d’un protocole à la hauteur de ses attentes », poursuit la même source. « Zéph travaille de façon méthodique », confie un autre proche.  « Il a même mis en place un organe qui travaille pour lui, le comité des experts de haut niveau, composé de 25 personnalités qui ne représentent pas des entités, mais choisies en fonction de leur maîtrise des questions nationales et de leur notoriété », ajoute un autre proche.

On y retrouve des personnalités comme le président de la conférence épiscopale des évêques, l’évêque de Dori, Mélégué Traoré, le Professeur Abdoulaye Soma, le Professeur Augustin Loada, Madame Coulibaly/Sori Rosine, l’archevêque de Bobo-Dioulasso, Monseigneur Paul Ouédraogo, des universitaires de poids des universités de Ouagadougou et de Bobo, pour ne citer ces personnalités-là. « Ce comité se réunit toutes les deux semaines et toujours les mardis matin », indique une source proche du ministère.

Le groupe des experts a été organisé selon les six grands thèmes de la réconciliation nationale dégager par le gouvernement. Et chaque thème est pris en charge par un sous-groupe, comme Zéphirin lui-même l’avait indiqué au cours d’une conférence de presse à l’issue d’un conseil des ministres. Il faut dire que le ministre a trouvé une bonne base de travail : le rapport du HCRUN, un volumineux document de près de 180 pages.

Le sous-groupe chargé de la réconciliation socio-communautaire qui s’occupe des conflits liés au statut de la terre et de la concurrence des normes, des conflits liés à l’exploitation agricole et pastorale, et les conflits de leadership ou de légitimité, a pour responsable le Professeur Jean Dipama.

Tandis que le groupe de la réconciliation sociopolitique qui prend en compte les dossiers de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, les dossiers des coups d’Etat, les crimes de sang et la situation des exilés, est dirigé par l’ambassadeur et ancien président de l’Assemblée nationale, Mélégué Traoré.

Puis, on trouve le sous-groupe chargé de la réconciliation sécuritaire. Ce sous-groupe travaille sur le conflit entre le Burkina Faso et ses « enfants terroristes », la question des déplacés, les conflits communautaires spécifiques nés du terrorisme, les conflits liés à la communautarisation de la sécurité, les rapports entre les forces de défense et de sécurité et les citoyens.

Maître Mamadou Sawadogo, avocat et ancien bâtonnier, dirige ce sous-groupe. Le sous-groupe responsable de la réconciliation économique et financière que conduit l’ancienne ministre des Finances, Coulibaly/Sori, comme son nom l’indique, s’intéresse aux questions de licenciements suite aux restructurations, privatisations ou liquidations de sociétés dans le cadre des politiques d’ajustement structurel, ainsi que les détournements de biens publics ou privés,  les vols de biens publics, les extorsions de fonds au nom de l’État ou contre l’État, les recels de biens publics, les escroqueries au désavantage de l’État,  les destructions et dégradations de biens en dehors de celles perpétrées pour des raisons politiques comme l’insurrection, des confiscations injustifiées, par l’État de biens privés.

Le sous-groupe responsable de la réconciliation administrative traite essentiellement des bris de carrières, suite à des décisions prises par l’État, des sanctions pour fait de grève ou d’indiscipline, des agents expulsés du ministère des Affaires étrangères en 2007, des élèves policiers manifestants, exclus de l’école de police, des militaires et fonctionnaires de police radiés en 2011, ainsi que des policiers licenciés en 2019 pour abandon de poste. Le Professeur Augustin Loada a la responsabilité de conduire ce sous-groupe. On dirait que le groupe a été taillé sur mesure pour l’agrégé de droit public bien connu.

Le dernier sous-groupe mène la réflexion sur la réconciliation civique. Ce sous-groupe que le Professeur Toé Jean Yado préside, s’occupe du développement inégal entre les régions, de l’inefficacité de la justice, du non-respect des décisions de justice par l’État, de la montée grandissante de l’incivisme, de la perte de l’autorité de l’État et de la détérioration du climat social entre l’État et les partenaires sociaux.

Dans l’approche du gouvernement, pour la réconciliation nationale, seront organisées des conférences régionales. Pour chaque région, sont désignés deux conférenciers choisis parmi les personnalités de la zone pour la plupart, et un modérateur. Par exemple pour la région du Plateau central, ce sera Nestorine Sangaré et Maître Titinga Pacéré. Dans la région des Cascades, Mélégué Traoré et le Professeur Abdoulaye Soma auront la lourde charge de conduire cette conférence. Aux Hauts-Bassins, l’archevêque de Bobo-Dioulasso, Mgr Ouédraogo sera à la charge. Au Sud-Ouest, ce sera l’évêque de Diébougou.

Quant au forum national pour la réconciliation, il est prévu, en principe, pour se tenir au mois d’octobre de cette année. Ce calendrier sera-t-il tenu ? Qu’à cela ne tienne ! Toujours est-il qu’à voir de près, sans risque de se tromper, on peut dire que Zéphirin Diabré tient le bon bout. En tout cas pour l’instant.

Firmin OUATTARA

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