« Des citoyens de l’AES chassés de la Côte d’Ivoire sans motifs ». A publié l’Agence d’information du Burkina le 16 février. Et l’Agence de préciser : « 89 citoyens originaires du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont été interpellés à Bouaké (Côte d’Ivoire) et renvoyés hier jeudi au poste frontalier de Yendéré sans motifs ». Dans la foulé Jeune Afrique publiait qu’«au moins deux ressortissants burkinabé, probablement liés aux services de renseignement d’Ibrahim Traoré, se sont rendus mi-janvier à Bouaké pour y mener des opérations de déstabilisation » pendant la Coupe d’Afrique des Nations qui a été organisée en Côte d’Ivoire du 11 janvier au 13 février. Et le journal de préciser qu’il s’agit de « cyber-activistes en mission secrète pour perturber la CAN de Ouattara ». Depuis lors (en tout cas jusqu’au moment où nous rédigions ces lignes) aucune déclaration venant, ni des autorités ivoiriennes ni de celles du Burkina Faso, n’est venue confirmer ou démentir ces informations. Du coup, les commentaires vont dans tous les sens. En même temps, il s’est installé une sorte de psychose au sein des populations. Ce qui n’est pas de nature à rassurer ceux qui vont dans les deux sens entre les deux pays.
Que s’est-il réellement passé ? Ces gens qui ont été refoulés, l’ont-ils été tout simplement parce qu’ils sont des ressortissants des pays de l’AES ? S’ils ont pu traverser la frontière jusqu’à Bouaké, c’est qu’ils étaient déjà sur le territoire ivoirien. Pourquoi seulement ces 89 personnes alors que plusieurs autres, provenant de ces trois pays, arrivent tous les jours en Côte d’Ivoire ?
En effet, autant le dire : depuis le coup d’Etat du 24 janvier, et particulièrement après le second coup d’Etat du 30 septembre, les relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, si elles ne sont pas froides, elles ne sont pas non plus au beau fixe, politiquement parlant. A la limite, ces deux pays s’accusent, sans le dire, de déstabilisation. Des Burkinabè en maille avec la transition burkinabé sont accueillis sur le sol ivoirien. Le Burkina Faso de son côté retient jusqu’à présent deux gendarmes ivoiriens accusés à tort ou à raison, de s’être retrouvés sur le territoire burkinabè pour des actions dont la nature reste officiellement inconnue. Mieux, Guillaume Soro, pestiféré du pouvoir ivoirien et en exil, a été accueilli et reçu au palais de Koulouba par le président de la transition. Ce qui est sûr, les autorités de la transition ne portent pas suffisamment les autorités ivoiriennes dans leur cœur, même si elles ne le déclarent pas officiellement. Sans doute que les positions du président Alassane Ouattara dans la prise des sanctions contre le Niger et le Mali y sont pour quelque chose. Les autorités de la transition soutiennent de façon inconditionnelle celles du Niger et du Mali.
Il y a lieu de décrisper cette atmosphère malsaine entre les deux pays afin de rassurer les populations. Entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, il ne saurait y avoir de nuages. Personne n’y a intérêt.
Dabaoué Audrianne KANI