Evasion de cas de Covid-19 du camp militaire : Si ce n’est du laxisme, ça y ressemble bien !

C’est le sujet qui alimente la chronique à Bobo-Dioulasso. Des élèves de l’ENAM en formation militaire au camp Ouezzin Coulibaly et testés positifs au Coronavirus, se sont évadés. Sans autre forme de procès !

La nouvelle a fait l’effet d’une bombe. «Il a été donné de constater que des élèves de l’ENAM diagnostiqués positifs à la Covid-19 au camp Ouezzin Coulibaly de Bobo-Dioulasso, et informés de leur statut ainsi que du risque de propagation de la maladie, ont déserté leur site de stage dans la nuit du 12 au 13 septembre 2020 depuis l’annonce de leurs résultats, et ce sans autorisation des autorités administratives, militaires et sanitaires», indique le gouverneur des Hauts-Bassins, à travers un communiqué avec 76 noms de personnes évadées sur 189 testés positifs.

L’on a du mal à y croire. Et pourtant, c’est bien la triste réalité. Que peut-il expliquer ce nombre de cas positifs enregistrés au sein de ces stagiaires ? Est-ce à dire que les mesures-barrières n’ont-elles pas été respectées au cours de la formation ? Pire, près de 100 stagiaires en formation militaire et testés positifs à la Covid-19, dans un camp militaire clôturé, sont partis sans crier garde. Au nez et à la barbe de leurs formateurs et encadreurs, sans autorisation préalable. Ce n’est pas l’idée qu’on se fait d’une armée. Quand bien même ces stagiaires n’étaient pas en formation pour embrasser les métiers des armes, ils étaient entre les mains de la Grande Muette. Qu’un aussi grand nombre de stagiaires puissent prendre la clé des champs, ni vus ni connus, pour se retrouver à Ouagadougou et même à Fada, sans être interceptés, est plutôt inquiétant. Car, en cette période de crise sécuritaire, l’on se demande comment tout ce beau monde a-t-il pu s’évader et aller aussi loin sans avoir été appréhendé par les forces de défense et de sécurité ? Faut-il encore le rappeler, le camp militaire Ouezzin Coulibaly est entièrement clôturé. Tous ces évadés ont-ils pris le mur, sans être vus ? Ou alors, les a-t-on vus et laissés faire ? Et à quel dessein ?

L’autre volet de cette rocambolesque affaire, est lié à la qualité des évadés. L’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) n’est pas n’importe quoi ! C’est cette prestigieuse école où sont formés les hauts cadres de notre administration. Elle incarne et inculque, en principe, des valeurs cardinales comme le civisme, le sens des responsabilités et le respect de principes de don de soi. Là aussi, l’on comprend mal que ces futurs dirigeants n’aient pas pris toute la mesure de leur décision de fuir leur site de confinement. Pour en réalité mettre en danger ceux qu’ils aiment et auprès desquels ils vont se cacher. Comme le dit le gouverneur dans son communiqué, «ces personnes (évadées : ndlr) qui sont actuellement dans la communauté (Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Fada, etc) constituent un risque de propagation accrue de la Covid-19». Aussi, il est beaucoup plus sage pour ces personnes de réintégrer un dispositif de prise en charge, afin de limiter les dégâts.

Quelques cas contactés

Pour essayer d’éclairer sa lanterne, L’express du Faso a contacté trois numéros sur la liste des 76 noms. Le premier interlocuteur dit ne pas savoir comment son nom s’est retrouvé sur ladite liste. «Vous vous êtes trompés de numéro», dit-il, puis de raccrocher. Le second numéro choisi au hasard est injoignable. Le troisième reconnait être des stagiaires. Mais, estime que son nom s’est retrouvé sur la liste par erreur. «Depuis que je suis à Bobo, je n’ai jamais quitté le camp. Mais, actuellement je suis à Boromo en partance pour Ouagadougou», confie-t-il.

Aly KONATE

alykonat@yahoo.fr

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