Demain 11 décembre, nous aurons soixante ans d’indépendance. Et c’est Banfora, la cité du Paysan noir et chef-lieu de la région des Cascades qui accueille la commémoration de cette fête qui marque l’indépendance du pays. Malheureusement, cela se passera dans un contexte particulier. Pour deux raisons essentielles. La première qu’on pouvait bien éviter (dans la concertation et le discernement) est la demande de report de la fête des filles et fils de la région parce qu’ils estiment que les réalisations qui seront faites dans le cadre de cette célébration ne seront pas de qualité. Alors que l’objectif même de ces célébrations tournantes est de doter toutes les régions d’infrastructures de qualité durables. Les demandeurs du report ajoutent à cet argument le fait que l’apparition de la maladie à Coronavirus intervenue en mars dernier a mis en retard la réalisation des mêmes infrastructures. Face à leur demande, le gouvernement à travers le Comité national d’organisation, a fait la sourde oreille. La fête de l’indépendance à Banfora ne sera pas reportée. Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré y est d’ailleurs depuis hier. Les demandeurs du report y seront-ils ou auront-ils vraiment la tête à cette fête de l’indépendance ?
L’autre raison est sans doute la recrudescence de la maladie à Coronavirus qui bat en ce moment même des records de contamination. A la date du 6 décembre par exemple, on dénombrait 154 nouveaux cas confirmés ; avec 658 cas actifs. Un mort a même été enregistré à la même date. Ce qui voudrait dire que la maladie va impacter le déroulement même des activités qui, généralement et dans le cas aussi de Banfora, devraient en principe regrouper beaucoup de monde. Même si nous sommes obligés de vivre avec lui, le Coronavirus hantera toujours les esprits.
L’autre élément, et non des moindres, qui impactera la fête de l’indépendance à Banfora, c’est la question de l’insécurité. Même si les élections se sont relativement bien déroulées et que la sécurité s’installe progressivement du fait de la réduction du nombre des attaques, il faut noter que la région des Cascades est une zone à risque. Ce qui devrait amener les autorités à réduire au minimum les activités. Même si certaines se plaisent à dire que Banfora ne sera pas une fête au rabais, ces éléments ci-dessus évoqués ne doivent pas être pris à la légère.
Car si jamais du fait de la fête, la maladie à Coronavirus se répand davantage dans le pays, on accusera le gouvernement de lâcheté et d’inconscience. Qui, pour de simples raisons de fête, a exposé les Burkinabé à la maladie. Si en début de saison des pluies des réalisations de ce 11-Décembre venaient à être emportées ou endommagées par les eaux ou les vents, on accusera encore le gouvernement de s’être entêté pour construire avec l’argent des Burkinabé des infrastructures au rabais. Le moins que l’on puisse ajouter, c’est de souhaiter un joyeux anniversaire à la nation burkinabé et à tous ceux qui portent ce pays dans leurs cœurs. Tout en rappelant que le chemin à parcourir est encore long.
Dabaoué Audrianne KANI