Des candidats à la présidentielle de novembre ont signé l’engagement de lutter contre les inégalités sociales s’ils sont élus président du Faso. La question qui se pose tout de suite est de savoir ce que vaut l’engagement d’un homme politique, même signé. Car, tous ceux qui ont signé, la plupart d’entre eux ont déjà dirigé le pays à des niveaux de responsabilité assez élevé. Mais qu’ont-ils fait depuis ? Au contraire si aujourd’hui des organisations de la société civile en sont venus à leur demander de signer des engagements contre les inégalités sociales, c’est que celles-ci ne sont plus supportables. En tout cas, ils ont signé et aimeraient les voir à l’œuvre. Elu président ou pas. On n’a pas besoin d’être à ce niveau de responsabilité pour comprendre que les Burkinabé ne vivent pas le même martyr dans leur pays. Et c’est ce qui justifie en grande partie les luttes itératives des organisations syndicales et de défense des droits de la dignité.
En effet, comment dans un pays où sévit autant la pauvreté, seulement 20% de la population peut détenir 44% des richesses. C’est scandaleux ! Où sont donc passés la solidarité, la fraternité, le vivre-ensemble, la compassion, la générosité et l’esprit de partage qu’on chante tant comme vertu reconnue aux Burkinabé ? Il ne faut pas se tromper, les Burkinabé ne supporteront plus longtemps de vivre dans des conditions insupportables pendant que quelques individus qui n’ont hérité de rien vivent l’opulence et les narguent. N’est-ce pas entre autre ce qui les mis dans les rues les 30 et 31 octobre quand ils ont demandé au pouvoir en place de libérer le plancher ? Même le terrorisme qui nous endeuille presque tous les jours puise ses racines dans ces inégalités sociales.
Le prochain président du Faso, que ce soit Roch reconduit ou un autre, est prévenu et doit prendre très au sérieux cette question des inégalités sociales. Il n’aura pas de période de grâce. Autrement, si les organisations syndicales semblent avoir suspendu leurs revendications, cela ne veut nullement dire qu’elles ont oublié. Au contraire, ils attendent les nouvelles offres politiques que les candidats vont proposer aux Burkinabé avant de reprendre la lutte. On ne peut être en sécurité et en paix dans un pays où les inégalités sociales sont aussi criardes. Donnant l’impression qu’il y a deux types de Burkinabé. Ceux qui ont droit à tout (et qui jettent le reste dans les poubelles) et ceux qui n’ont droit à rien et qui sont obligés de fouiller dans les poubelles des premiers pour survivre.
Tout le monde peut comprendre que les ressources du Burkina Faso sont limitées. Mais cela ne peut en aucun cas justifier la mauvaise répartition des mêmes ressources. Qu’est-ce qui peut justifier que dans le même secteur, côte-à-côte, des poteaux électriques passent devant les concessions des uns et non pas devant celles des autres ? Idem quand il s’agit des branchements au réseau d’eau ? Rien que ces deux exemples.
Dabaoué Audrianne KANI