Dans le but de faire connaitre le combat que mène l’Association Hakilisigui, sis à Bobo-Dioulasso, au secteur 21, nous avons eu un entretien avec Solange Traoré/Somé, la Présidente de l’association Hakilisigui.
Pouvez-vous nous parler de l’association Hakilisigui ?
L’association Hakilisigui a été créée il y a près d’une dizaine d’années. Nous œuvrons au changement mental de la population, des femmes de l’association. Nous luttons aussi contre les violences basées sur le genre, la santé sexuelle et reproductive ainsi que l’autonomisation de la femme. Cela fait également deux à trois ans, que nous travaillons avec l’ONG NOUSOL, qui veut dire «Nouvel soleil pour les femmes ». Cette ONG est basée en Espagne et est dans la même dynamique que l’association Hakilisigui. Grâce à l’aide qu’elle nous apporte, nous arrivons à nous occuper de plus de 3000 personnes vulnérables dont les Personnes déplacées internes (PDI), les veuves et les personnes handicapées. L’association a pour but principal de regrouper les femmes battantes qui sont dans les différentes structures associatives de la région des Hauts-Bassins. L’association Hakilisigui compte à nos jours, 87 associations issues de la région des Hauts-Bassins.
Pourquoi l’association Hakilisigui s’occupe de ces PDI ?
Nous nous occupons d’eux car si nous ne le faisons pas, le pays ne pourra pas lutter réellement contre le terrorisme et ce sont ces mêmes enfants mal entretenus qui vont devenir soit des brigands ou encore devenir terroristes. C’est une manière pour l’association d’aider l’Etat à travers l’ONG NOUSOL. Cette ONG est en train de faire un travail impeccable sur le terrain, surtout dans la région des Hauts-Bassins.
Quels sont les réalisations de NOUSOL au profit de l’association Hakilisigui ?
Avant d’aller plus loin, il est bon de rappeler que nous avons les mêmes visions, les mêmes objectifs, les mêmes buts au regard des différentes activités que nous menons. L’ONG NOUSOL a ouvert 7 centres d’alphabétisations au profit des femmes de Hakilisigui. Chaque centre regroupe 30 femmes et nous avons au total 210 femmes dont 95 personnes déplacées internes. Nous venons de clore l’année alphabétique en novembre dernier avec ces personnes qui ont été formées durant 12 mois et ont reçu chacune une attestation de l’association Hakilisigui afin de montrer que ces femmes sont capables de s’occuper d’elles-mêmes. Aujourd’hui, beaucoup de personnes déplacées internes n’ont pas d’eau sur leur site, d’autant plus qu’elles sont logées dans les zones non-loties. Il leur faut de l’eau pour survivre et aussi des forages pour faire la maraicher-culture, la culture de contre saison, le jardinage, la culture hors sol afin de subvenir aux besoins de leurs enfants. De ce fait, nous avons bénéficié de trois forages dont un à Wolonkoto vers Bobo 2010 au profit des femmes dans le but de cultiver des Aubergines, du poivron, etc. et les vendre pour s’occuper de leurs enfants. L’ONG met à notre disposition des semences, des engrais, ainsi que des matériels d’hygiène. Le deuxième forage qui se trouve à Bissiri est en voie d’aménagement et le troisième forage se trouve vers le secteur 29 car il y a beaucoup de personnes vulnérables ou des PDI dans cette zone et qui n’ont pas d’eau potable.
Pourquoi l’ouverture de ces centres ?
C’est pour combattre l’ignorance des femmes afin qu’elles puissent bien s’occuper de l’éducation de leurs enfants et mieux contrôler leur commerce. Au Burkina Faso, les femmes représentent plus de 52% de la population et la majeure partie des femmes ne sont pas allées à l’école. Beaucoup de personnes qui se sont radicalisées autour du terrorisme, il y a une part de responsabilité de leur maman. Elles ne contrôlent pas ce que l’enfant amène à la maison. Mais, une fois qu’elles arrivent à suivre ces cours d’alphabétisation, elles peuvent mieux contrôler leurs enfants. Par exemple, contrôler de temps en temps leurs cahiers ainsi que son commerce au lieu de donner à chaque fois à quelqu’un au risque de se faire voler. Il y a actuellement 210 femmes qui sont placées dans les centres pour une formation de 12 mois. Nous avons eu aussi cette année 2024 à former 100 PDI en entrepreneuriat, 30 femmes en tissage, 30 femmes en patisserie, 30 femmes dans la formation des biscuits,30 femmes formées en saponification, 30 femmes en perlage, 30 femmes en teinture/Koko Dunda, et 30 femmes en beurre de karité.
Toutes ces activités sont financées par L’ONG NOUSOL dans le but d’aider les femmes à s’autonomiser.
Avez-vous bénéficié d’autres formations que l’alphabétisation ?
Oui, nous avons aussi fait des formations en santé sexuelle et reproductive, les violences basées sur le genre ainsi que les droits et devoirs de la femme. Cela permet aux femmes de Hakilisigui de mieux maitriser leur santé et leur sexualité. Les femmes violentées sont référées vers d’autres structures adéquates. Au vu de ces violences, nous avons ouvert un centre d’écoute qui se trouve au secteur 21. Il est financé par L’ONG NOUSOL.
Rencontrez-vous des difficultés ?
Nous rencontrons beaucoup de difficultés, notamment le problème de terrain. Les terrains sur lesquels nous travaillons actuellement, ont été demandé auprès de leurs responsables. Egalement, leurs dimensions nous font défaut ainsi que la sécurisation. Ce qui fait que nous n’arrivons pas à réaliser pleinement selon notre volonté. Par exemple, si nous arrivons à avoir notre propre terrain, nous allons le sécuriser à une dimension de 10 hectare au nom de l’association Hakilisigui. Faire un champ-école où la production, la transformation et la commercialisation seront faites sur place.
Votre mot de fin ?
Il est vraiment nécessaire aux ONG internationales d’aider les différentes structures associatives à aider l’Etat. En aidant les structures associatives, cela veut dire que l’Etat aura moins de charges, moins de travail à faire. Je dis grand merci aux membres de l’ONG NOUSOL pour leur aide et soutien qu’ils apportent à ces personnes.
Estelle Wende Mi KOUTOU