Sortie de masques : il faut adapter la culture à la réalité du terrain

Si le masque, par son entendement en terme coutumier, contribue entre autres, à égayer la communauté et à renforcer le vivre-ensemble, à Bobo-Dioulasso le masque est en train de devenir un trouble-fête. Cette année, la malheureuse règle semble avoir été respectée.

A Bobo-Dioulasso, tous les acteurs impliqués directement ou non dans l’organisation et la tenue des cérémonies coutumières de sortie des masques sont unanimes que lorsque les masques de Kuinima, de Dioulasso-bâ, de Tounouma et de Bindougousso font la sortie, c’est la tension et le désordre dans la ville. Même les services d’ordre des sociétés de masques n’arrivent pas à contenir ni les masques eux-mêmes ni les jeunes qui descendent dans ces secteurs pour les provoquer. Si bien qu’il n’est pas rare d’assister à des scènes désolantes, voire tragiques. Ce fut le cas il y a quelques années de cela quand des masques se sont introduits dans le Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de Bolmakoté où ils ont copieusement frappé un agent de santé. Il a fallu l’intervention des autorités communales et coutumières pour que ce centre re-ouvre ses portes, car les agents de santé avaient décidé de le fermer.

C’est dans le même quartier qu’un jeune avait été mortellement atteint à la gorge à l’aide d’un couteau suite à une altercation. A Dioulasso-bâ, si pour l’instant, un cas malheureux n’est pas encore enregistré, force est de reconnaître que la sortie des masques occasionne des actes incompatibles avec la célébration. C’est pourquoi, une nouvelle orientation de la sortie des masques est impérative. Dioulasso-bâ, Kuinima, Tounouma, Bindougousso…sont des villages engloutis par la ville cosmopolite de Bobo-Dioulasso. Se faisant, la sortie des masques ne doit plus se faire comme on le faisant auparavant.

Réorganiser la sortie des masques

Il faut des consignes fermes des coutumiers, afin que le désordre inqualifiable autour des masques cesse. Tout doit partir des patriarches du Do de chaque localité. Une fois que ces patriarches arrivent à mettre en place une décision collective, les jeunes des communautés de masques seront obligés de la respecter. Quoiqu’on dise, le désordre qui entoure aujourd’hui la sortie des masques est parti des jeunes de la communauté bobo. Si par exemple, un jeune issu de cette communauté peut se permettre de confectionner un masque et le mettre en location à d’autres jeunes non initiés au Dô, l’aspect sacré du masque est tombé! En pays bobo, le masque sacré vient toujours de la brousse et il suit toujours un itinéraire. Malheureusement, des jeunes bobos ont bafoué la sacralité du masque avec la complicité indirecte de certains patriarches du Dô.

Alain Sanou, 4ème adjoint au maire de la commune de Bobo-Dioulasso et chargé de la culture annonce les couleurs du côté de la mairie. La déviation constatée au cours de la célébration des funérailles préoccupe l’autorité communale. C’est pourquoi, elle envisage des propositions à faire aux coutumiers, afin que le masque soit un véritable aspect culturel qui suscite la joie et non la peur. Sans dénaturer le contenu culturel de la sortie des masques, la mairie de Bobo-Dioulasso entend organiser la sortie des masque afin d’en faire une industrie culturelle de développement. Malgré cette vision de l’autorité communale, le nœud du désordre demeure une partie de la jeunesse coutumière qui déprave cette culture combien riche.

Souro DAO

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