La ville de Djibo est-elle devenue, malgré elle, l’épicentre du terrorisme au Burkina Faso ? Même si à Djibo (et c’est pareil dans tout le Burkina) on ne veut pas le croire, tout porte à croire que les terroristes ont choisi de martyriser la capitale de la province du Soum. Si bien qu’il ne passe une bonne semaine sans qu’on n’entende parler de Djibo, en termes d’attaques terroristes suivies d’assassinats, de déplacés internes ou encore d’enlèvement de personne. A Djibo, des personnes anonymes ont été attaquées et tuées. A Djibo, des conseillers municipaux ont été attaqués et tués. A Djibo, le maire de la commune a été attaqué et tué. A Djibo, l’Imam, après avoir échappé à une attaque en règle sur son domicile, a finalement été enlevé, alors qu’il revenait de Ouagadougou dans un car de transport en commun. Tout comme l’attaque et l’assassinat du maire de Djibo, l’enlèvement de l’Imam semble avoir été bien planifié et exécuté. Puisque, parmi les voyageurs dans le car, il est seul a avoir été enlevé. A Djibo, de nombreuses personnes ont fui leurs localités pour raison d’insécurité et d’attaques terroristes pour trouver refuge ailleurs. Les plus téméraires sont restés à Djibo ville, les autres ont choisi d’autres zones plus sécurisées sur le territoire national.
En effet, les terrorismes veulent faire de Djibo leur capitale. C’est la raison pour laquelle ils s’attaquent non seulement à l’administration, mais également aux leaders religieux. Malheureusement, de plus en plus, Djibo semble échapper à l’administration et à la force publique régulière. C’est à se demander si face à cette situation, certaines des populations restées sur place n’ont pas déjà choisi leur camp. Sinon, ces attaques terroristes répétitives, aussi sanglantes les unes que les autres, ne devraient pas pouvoir se faire aussi facilement.
A Djibo donc, il y a lieu de se pencher sérieusement sur la question du terrorisme. Il y a lieu de poser le vrai diagnostic de Djibo et de proposer des solutions de sortie de crise. Car, à Djibo, il y a aussi une crise. Si la présence des Forces de défense et de sécurité (FDS), avec les moyens qu’on connaît dans la zone, n’a pas pu dissuader les terroristes, c’est qu’il y a problème. Si la visite surprise de Roch Marc Christian Kaboré, suivie d’une rencontre avec les forces vives de la région dans cette partie du pays pour rassurer les populations n’ont pas réussi à réduire les attaques terroristes, c’est qu’il y a problème.
Djibo et ses 9 secteurs, Djibo et ses 23 villages, Djibo et les 7 autres départements (Diguel, Nasoumbou, Koutougou, Arbinda, Baraboulé, Tongomayel, Pobe-Mengao) de la province ne sont donc plus, apparemment, sous le contrôle de l’Etat du Burkina Faso ? En tout cas, les terroristes semblent y dicter leurs lois à tout le monde. Pour combien de temps encore ! En tout cas, la fin du martyr pour Djibo ne semble pas être pour demain.
Dabaoué Audrianne KANI