Sept personnes, toutes d’ethnie peule, tuées criblées de balles. C’est la découverte macabre faite par des habitants de la localité de Boumoana (près de Tanwalbougou), suite à une opération militaire menée le 29 juin dernier. Ce qui a obligé le ministère de la Défense et des Anciens combattants à ouvrir une enquête administrative afin de faire la lumière sur ces événements et situer l’opinion publique. Apprend-on dans un communiqué de la Direction de la communication et de la presse ministérielle du ministère en question. «Il (ndlr: le ministère) tient à rassurer l’opinion nationale et internationale que si la responsabilité d’éléments des Forces de défense et de sécurité était établie, les auteurs répondront de leurs actes conformément aux lois et règlements qui régissent les Forces armées nationales», lit-on dans le même communiqué sous forme de conclusion.
A Tanwalbougou, à Boumoana, dans la communauté peule, dans les organisations de défense des droits de l’Homme et même dans les milieux politiques, on crie une fois de plus au scandale. Comment est-on encore arrivé à une telle atrocité après une opération militaire? Qui a pu (encore?) procédé à de telles tueries alors qu’on n’a pas fini de pleurer et de retrouver les auteurs véritables des dernières tueries du 11 mai dernier dans la même localité? Décidément, est-on tenté de dire, la lutte contre le terrorisme est en train de devenir le ver qui risque de pourrir le fruit. Car selon des témoignages sur le terrain, les personnes tuées ont d’abord été enlevées dans des pick-ups avant que leurs corps soient découverts plus tard. Espérons que l’enquête ouverte (même administrative) permette de situer, au moins une fois en passant, les responsabilités. Ça commence à faire trop! Et les Burkinabè veulent savoir. Aussi, à la suite de l’enquête administrative, il faut ouvrir une enquête judiciaire, à la limite indépendante.
De Yirgou à Boumoana en passant par Tanwalbougou, Barsalogho et autres, les dénonciations des exécutions extrajudiciaires, principalement sur la communauté peule sont assez nombreuses. A la limite, ça ressemble à de la persécution si bien qu’il faut y mettre fin, définitivement. Tout le monde est unanime que si l’on n’y prend garde, la lutte contre le terrorisme, mal menée, risque d’entamer véritablement le vivre-ensemble et la cohésion sociale. Personne ne crie au scandale quand on neutralise des terroristes. Qu’ils soient des Peuls ou d’autres ethnies. Tout le monde applaudit et félicite. Mais, lorsqu’il y a des bavures, des preuves d’exécutions sommaires, il convient de situer rapidement les responsabilités. S’il y a des sanctions à prendre, qu’on les prenne. Au cas contraire, il faut s’attendre à ce que les populations qui se sentent persécutées trouvent les moyens de se défendre. Malheureusement, si les choses devaient se passer ainsi, il n’est pas exclu qu’ils aillent grossir les rangs des terroristes. Du coup, on contribuera à faire vivre un phénomène que nous combattons. Il n’est pas question d’accuser nos Forces de défense et de sécurité dont le travail sur le terrain est d’ailleurs salué par tous. Cependant, s’il y a des défaillances, il faut avoir le courage de les relever et de les corriger. Tout le monde y gagne.
Dabaoué Audrianne KANI