Transition : Donc IB est finalement resté à Kosyam !

Coup d’Etat médiatique. C’est le qualificatif parfait qu’on pourrait attribuer à ce coup d’Etat. Orchestré le 30 septembre par le Capitaine Ibrahim Traoré, c’est le coup d’Etat dont la télévision nationale était au cœur des évènements plus que les kalachnikovs. Ceux qui ont maitrisé la télé et la communication avec le peuple, c’est eux qui ont eu le pouvoir.

Le président Damiba (enfin l’ex-président Damiba) a été renversé par le pouvoir de la télévision nationale. Contrairement au coup d’Etat du 24 janvier où des véhicules avec du sang humain dessus, sont aperçus en pleine rue, il n’y a pas eu cette fois-ci d’effusion de sang entre frères d’armes ni de capture de président, semblerait-il. En tout cas, aucun média n’a fait cas de crime, ni les putschistes.

Juste avec la télévision nationale, le Capitaine Ibrahim Traoré a gagné le cœur du peuple, en tout cas le cœur de la majorité des jeunes. Le peuple est incité à la mobilisation à travers la télé pour déchoir le président Damiba. Le Capitaine Ibrahim Traoré est aujourd’hui l’espoir des jeunes, ou du moins incarne cet espoir. La majorité des jeunes réclament irréversiblement donc ce Capitaine à prendre le fauteuil présidentiel. Voilà l’homme providentiel pour de nombreux Burkinabé. Pourtant les intentions du Capitaine étaient claires depuis le début des évènements. Retirer le fauteuil de Damiba pour le remettre à quelqu’un d’autre, civil ou militaire. « Pourquoi continuer ? Nous ne sommes pas venus pour continuer…», dit le capitaine sur RFI. Il n’est pas venu pour le pouvoir. Non ! Ce n’est pas le fauteuil qui l’intéresse, fait-il comprendre.

Il a été claire pendant son premier discours, des assises seront convoqués où les Burkinabé vont désigner leur président militaire ou civil. Pendant que certaines personnalités décriaient la pertinence de ces assises, les partisans pro-Ibrahim ont pris d’assaut les rues. Pour eux, seul le Capitaine Ibrahim doit être le président. Bien avant les assises, la jeunesse a fait son choix et à l’unanimité. Le capitaine Ibrahim a le soutien populaire pour être président, mais lui-même, il n’en veut pas. Cependant, lors des assises du 14 octobre, pendant que ses partisans retiennent leur souffle, c’est le Capitaine Ibrahim Traoré qui est annoncé ou du moins désigné comme président des Burkinabè par les forces dites vives de la nation.  Ceux qui n’étaient pas venus pour le pouvoir, sont finalement restés à Kosyam.

Qui a donc dit à Ibrahim de trahir sa propre parole ?  Bien avant cette interrogation, le Capitaine Ibrahim s’était-il présenté comme candidat au choix lors des assises ? Si tel est le cas, on peut donc en déduire que le Capitaine Traoré a convoqué ces assises pour se faire choisir et par ricochet légitimer son coup d’Etat. Il y a moult interrogations. Mais ce dont il faut aussi s’en rendre compte est que, si le capitaine a été contraint à changer de décision pour satisfaire les aspirations de ses partisans en optant pour le pouvoir, il aura un test de fidélité à passer avec son peuple dans les jours à venir. Puisque ses partisans non seulement le réclament au pouvoir, mais aussi demandent une coopération du Burkina avec la Russie au détriment de la France qui doit partir comme ce fut le cas au Mali.

Au risque de ne pas trahir ces jeunes qui le soutiennent, le Capitaine Ibrahim doit collaborer avec la Russie ou du moins faire partir l’armée française. C’est tout ce qui lui est demandé. Par contre si le capitaine a été désigné par les forces vives pour être président contre son gré, il va de soi qu’elles restent à ses côtés pour lui montrer la voie à suivre et les décisions à prendre. Pourrait-on apprendre à conduire un véhicule sans un moniteur.  Quand on choisit un vêtement pour son enfant, le minimum est de l’aider à le porter. Le Burkina Faso est-il parti pour un éternel recommencement ? L’avenir y répondra !

Ousmane ZANTE / Stagiaire

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