Par acclamations, les participants aux concertations sur la refondation des institutions et la bonne gouvernance au Mali ont adopté la charte de la transition. Dix-huit mois, c’est le temps que va durer cette transition dont le président sera un civil ou un militaire. Le vice-président également. Quant à la qualité du Premier ministre, elle ne le définit pas expressément. Le gouvernement qu’il lui sera donné de nommer comportera au maximum 25 membres. En outre, il sera mis en place un Conseil national de la transition qui jouera le rôle d’organe législatif. Il sera composé de 121 personnalités issues de la quasi-totalité des forces vives du pays. La transition aura à renforcer la sécurité sur l’ensemble du territoire malien ; à promouvoir la bonne gouvernance ; à adopter un pacte de stabilité sociale ; à lancer le chantier des réformes politiques et institutionnelles et à organiser à son terme, des élections générales.
Contrairement donc aux décisions des chefs d’Etats membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest qui recommandaient douze mois de transition, les Maliens ont décidé de dix-huit. Pour le président de la transition, les Maliens estiment qu’il peut être civil ou militaire. Que va donc dire la CEDEAO ? Même si on peut croire que les militaires ne veulent pas quitter le pouvoir, il faut accepter que les Maliens ont compris que pour réussir la refondation de leur pays, il faut le faire avec tout le monde. Y compris les militaires.
Des insuffisances peuvent être relevées dans cette charte que le M5 conteste déjà. Cependant, un important pas a été franchi. C’est pourquoi, il faut revenir à de meilleurs sentiments et accompagner ce premier pas afin que les pas qui suivront soient meilleurs. Si le Mali en est arrivé à une telle situation, c’est de la responsabilité de tous les Maliens. C’est pourquoi, ils devront s’associer pour sortir leur pays dans les difficultés qu’il vit. Si on devait être ferme, ce sont les hommes politiques qu’on devrait écarter de la transition. Ils devraient se préparer pour les élections dans dix-huit mois.
De son côté, la CEDEAO doit regarder les choses en face, prendre toutes ses responsabilités et accompagner de façon soutenue le Mali. D’abord en acceptant ce que les Maliens ont décidé après ces concertations. Car avant tout, ce sont eux qui savent ce dont souffre leur pays et sont, de ce fait, plus aptes à apporter les remèdes les plus appropriés. Ensuite, en levant très rapidement toutes les sanctions économiques et financières qui ont été prises depuis le 18 août (date du coup d’Etat) contre le pays. Afin que le Mali qui fait face à plusieurs autres difficultés ne sombre pas davantage. Alors que cela ne doit être, en aucun cas, ni le rôle ni le souhait des chefs d’Etats de la CEDEAO.
Aux côtés de la CEDEAO, la communauté internationale doit accompagner assez rapidement le Mali. Dix-huit mois, c’est bien peu pour remettre tous les petits éléments du puzzle malien en place. Mais, c’est déjà bon.
Dabaoué Audrianne KANI