Zéphirin Diabré, le tout nouveau ministre d’Etat auprès de la présidence du Faso, chargé de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale, anciennement chef de file de l’opposition et candidat opposé à Roch Marc Christian à la dernière présidentielle de novembre 2020, était-il obligé d’expliquer à ceux qui lui restent comme militants de son parti et aux Burkinabè qu’il a rejoint la majorité ? Les Burkinabè ne sont pas si ignorants pour ne pas comprendre que lorsqu’on entre dans le gouvernement de quelqu’un, on est avec lui. Autrement, Zéphirin Diabré et ses camarades de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) peuvent-ils rester dans l’opposition politique et être en même temps dans le gouvernement de la majorité ? C’est tout de suite non ! Surtout qu’il ne s’agit pas d’un gouvernement d’union nationale.
Quid des arguments qu’il a apportés pour justifier son entrée au gouvernement ! Ils sont aussi discutables. Mais là où on peut le croire, c’est la nécessité de réaliser la réconciliation. Tout le reste est une question de survie politique. Il a certainement choisi le moindre mal. Si les Burkinabè ne l’ont pas voté président, c’est certainement pas parce qu’ils veulent qu’il aille à la mangeoire. Au cas contraire, ils l’auraient voté au premier tour dans …un tunnel.
En tentant de s’expliquer, il brise lui-même ses propres arguments. Aucun homme politique ne crée un parti politique pour rester éternellement dans l’opposition. Puisque, tout parti politique aspire à la gestion du pouvoir d’Etat. C’est à défaut que certains se retrouvent dans l’opposition. Si malgré le refus des Burkinabè de vous voter à la tête de leur pays, vous vous retrouvez là où ils ne vous ont pas envoyé, ça peut s’apparenter à de la trahison ou à du forcing. Pour ne pas dire de la boulimie du pouvoir ou de la propension d’aller, quoi que cela coûte, à la soupe.
Le désormais Ministre d’Etat Zéphirin Diabré se serait expliqué autrement, comme il a commencé à le faire, par des actes concrets qu’on l’aurait mieux compris. Lui qui est chargé de réconcilier les Burkinabè, devrait en principe apparaître comme l’homme nouveau, neutre pour ne pas dire impartial. Il n’est pas évident qu’il ait été appelé au gouvernement pour dire qu’il a quitté l’opposition. Mais plutôt, pour une mission de réconciliation qui concerne à la fois l’opposition d’où il vient et la majorité où il vient d’atterrir.
Mais, à voir de près, c’est ça aussi Zéphirin Diabré. L’homme politique harangueur de foules, parfois pris dans des émotions qu’il n’arrive pas souvent à maîtriser et qui l’amènent à dire des choses qu’il s’oblige à expliquer par la suite. Malheureusement, tout cela lui colle parfois à la peau, comme un sobriquet. Aussi, en rapport avec la responsabilité qui est désormais la sienne, l’homme politique doit songer à déposer cette veste pour porter celle qui doit lui permettra de rapprocher les Burkinabè pour une réconciliation véritable. Comme le veut le président Roch Marc Christian qui l’a appelé pour ça. A moins que déjà, il veuille prendre une place qui n’était certainement pas la sienne au sein de la majorité. Ou bien a-t-il été appelé pour ça aussi ?
Dabaoué Audrianne KANI