Mauvaise gouvernance, ce n’est pas au Mali seulement

Si des chefs d’Etat redoutent ce qui se passe au Mali n’arrive chez eux, c’est qu’ils sont bien conscients que ce n’est pas seulement au Mali qu’il y a la mauvaise gouvernance. Les troisièmes mandats, comme dirait l’autre, ne sont-ils pas des coups d’Etat, de la mal-gouvernance ? En plus, l’administration est tellement pourrie que seule une révolution peut permettre de changer les habitudes. Quand dans un pays pauvre, les fonctionnaires sont aussi riches que les opérateurs économiques, c’est que les deniers publics sont mal gérés. Malheureusement, c’est ce à quoi on assiste depuis un certain temps dans nos pays. Même s’il y a des fonctionnaires intègres, il faut faire remarquer que la plupart d’entre eux attendent toujours une rétribution après un service rendu. Notamment ceux qui sont dans le circuit des finances. Ce qui a conduit les autres à en faire de même. Si bien que la gangrène est telle que rien ne peut l’arrêter si ce n’est la révolte des pauvres ou un coup de force comme ce qui se passe au Mali.

Le Niger et le Mali sont deux pays en proie depuis des années au phénomène du terrorisme. N’ayant pas les moyens logistiques et financiers pour faire face à cette hydre, ils sont obligés de faire recours à l’aide de la communauté internationale. Mais, ce sont dans les mêmes pays que l’argent prévu pour acheter des armes, a été détourné. Alors que des militaires meurent sur le terrain ; alors que des populations sont contraintes d’abandonner toute une vie de labeur à la recherche de localités plus sécurisées. Au Burkina Faso, même si un cas de détournement n’a été relevé dans les finances allouées à la lutte contre le terrorisme, l’Autorité de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption a demandé de lever le secret défense qu’on lui oppose afin qu’elle puisse vérifier le fonctionnement du ministère de la Défense. Jusqu’à présent (ndlr : en tout cas à notre connaissance), rien n’a été fait. N’est-ce pas pour cela qu’il faut comprendre la réticence voilée des bailleurs et partenaires internationaux à soutenir des pays qui ne savent même pas qu’ils sont en insécurité ?

Au Mali, ils ont compris que, comme disait le Professeur Joseph Ki-Zerbo «nii an laara, an saara » (si on reste couché, on est mort). Aussi, les Maliens patriotes ont-ils décidé de dire non. Le peuple a faim, le peuple a soif, le peuple est en insécurité, le peuple pleure tandis que de l’autre côté, on se suffit, on jette même dans les poubelles les restes de repas. On est si rassasié au point qu’on veut encore des mandats supplémentaires pour continuer à piller, à s’enrichir et à affamer le peuple. Si au Mali, les populations se sont retrouvées dans le combat d’un imam, ce n’est pas parce qu’il est religieux, c’est parce qu’il mène leur combat, le combat juste. Alors que chacun mène le même combat juste !

Dabaoué Audrianne KANI

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