Actu-commentaire :plaidoyer pour un retour des Aesiens dans la CEDEAO, le pari perdu de John Dramani ?

 

 

On pourrait lui reprocher de n’avoir pas réussi à faire revenir les trois pays de l’Alliance des Etats du Sahel dans la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Mais, on ne pourra pas lui jeter la pierre car il aura essayé de faire ce qu’il aura pu. Le président ghanéen John Dramani Mahama, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est en train de faire ce qu’il peut afin de convaincre les chefs d’Etat de l’Alliance des Etats du Sahel à reconsidérer leurs positions de quitter définitivement la CEDEAO et de revenir au sein de l’organisation ouest-africaine. Réussira-t-il ? Ne réussira-t-il pas ? That’s the question.

A l’analyse, les chances de gagner ce pari sont assez maigres. D’abord, si le Burkina Faso, le Mali et le Niger devaient revenir au sein de la CEDEAO, la médiation du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye aurait réussi. Malheureusement ou heureusement, il s’est heurté à une porte hermétique fermée. Même le souhait de laisser les fenêtres entrouvertes pour favoriser le dialogue et un éventuel retour dans la maison CEDEAO ne semble pas aujourd’hui avoir été exaucé. Pire, Bassirou Diomaye Faye qui venait d’être élu et qui était plein d’enthousiasme a dû rengainer très rapidement face à la horde déferlante des propos incendiaires des soutiens des trois régimes militaires. Abdoulaye Bathily qu’il avait désigné pour poursuivre les pourparlers a dû lui aussi passer à autre chose.

Ensuite, les trois pays sont allés assez loin dans la mise en place des organes de la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel. Logo AES, drapeau AES, passeport AES, Commissions de l’Aes dans les différents pays,… tout ou presque est en marche dans les pays membres. Un retour en arrière suppose de remettre tout cela à plat. Ce qui, visiblement, ne peut être accepté par les mêmes peuples des trois pays qui croient dur comme fer que l’AES est la meilleure réponse à l’intégration ouest-africaine, à la souveraineté, à l’indépendance et à la dignité, à la lutte contre le terrorisme et l’impérialisme sous toutes ses formes. Bref, les chefs d’Etat et les peuples de l’AES croient tellement à leur affaire qu’ils ne pensent plus revenir à la CEDEAO.

Par contre, ce qui peut être encore négociable, ce sont les conditions de collaboration ou de coopération entre les pays de la CEDEAO et ceux de l’AES. Sur la question, les points de vue peuvent converger car au sein des deux organisations, tout porte à croire qu’on est très conscient du fait qu’on partage le même espace géographique, la même histoire et les mêmes valeurs sociales de vivre-ensemble, de fraternité et de solidarité. Par conséquent, les deux parties sont contraintes de faire en sorte que l’intégration entre les peuples et les relations économiques et commerciales ne prennent pas du tout un grand coup. Au contraire, tout doit être mis en œuvre pour faciliter davantage l’intégration des peuples et les relations sociales, parfois culturelles qui les unissent depuis leur existence.

Dabaoué Audrianne KANI