Adama Bidiga, PDS de la commune de Bobo : «Nous sommes à pied-œuvre pour trouver des solutions objectives aux problèmes fonciers»

Le jeudi 10 novembre dernier, L’Express du Faso a porté la voix de responsables d’associations d’habitants de zones loties contestées et abusivement qualifiées de zones non loties. Leur souci, la lenteur dans la mise en œuvre des recommandations du comité de réflexion pour la résolution de cette situation. Aussi, le 17 novembre, avons-nous pris attache avec le Président de la Délégation spéciale communale de Bobo-Dioulasso, Adama Bidiga, de qui relève le dossier. Son explication !

Monsieur le président de la délégation spéciale de la commune de Bobo, vous venez de prendre une mesure portant suspension des opérations de mise en valeur des parcelles dans les zones loties contestées (litigieuses) de la ville de Bobo-Dioulasso. Tout d’abord quelles sont ces zones précisément ?

Il s’agit principalement de certaines zones situées au secteur 23 dans l’arrondissement n°2, au secteur 26 dans l’arrondissement n°5 et dans les secteurs n°22 et 29 de l’arrondissement n°7 et bien connues des acteurs qui y ont des prétentions contradictoires.

Quelles sont les motivations et la durée de cette suspension ?

Une seule motivation sous-tend cette suspension : prévenir tout trouble à l’ordre public dans un contexte national fragilisé par la crise sécuritaire. Il serait difficile pour nous, en tant qu’autorité locale et au regard de ce que nous avons comme informations, de ne pas anticiper sur d’éventuelles confrontations entre des acteurs qui ont le devoir de s’unir pour faire efficacement face au terrorisme.

La durée de la suspension dépendra essentiellement de l’évolution dans la gestion de la crise sécuritaire et subsidiairement des solutions locales que nous trouverons pour gérer les problèmes fonciers de la ville de Bobo-Dioulasso dans une synergie d’actions avec toutes les parties prenantes.

Pour être plus précis, les différents rapports sur le foncier à Bobo-Dioulasso ont fait des recommandations. Il s’agira pour la délégation spéciale de concrétiser sur le terrain les solutions pertinentes préconisées. Une commission qui va regrouper l’ensemble des acteurs du domaine analysera les propositions qui ont été faites avec leurs implications financières pour la commune puis dira exactement quelle formule est adaptée pour chaque situation. Grosso modo, trois (03) mois suffisent pour ce travail de fourmi qui devrait permettre de régler près de 20 milles cas.

Il y a trois mois le gouverneur de la région des Hauts-Bassins avait mis en place une commission de réflexion sur le foncier à Bobo-Dioulasso. C’est quelle suite que vous donnez aux conclusions de cette commission ?

Avant de répondre à votre question, permettez-moi de remercier Monsieur le Gouverneur de la région des Hauts-Bassins, le Colonel Moussa Diallo, pour son engagement en faveur du bien-être social de sa population en général et de celle de Bobo-Dioulasso en particulier. En effet, face aux risques imminents d’affrontements entre acteurs de plusieurs zones de la ville, il a décidé de mettre en place ce comité de réflexion qui a travaillé et produit un rapport qui est en cours d’exploitation par mes collaborateurs.

Cela dit, il est bien évident que la mesure de suspension s’inscrit en droite ligne des aspirations du comité de réflexion qui préconisait la prise de mesures conservatoires pour minimiser certains risques.

Mais, en réalité, la suite logique des travaux du comité est de permettre aux Présidents des Délégations Spéciales d’Arrondissement de prendre connaissance du rapport, d’apprécier les propositions faites, compléter éventuellement les problèmes non répertoriés par le comité, faire de nouvelles propositions avec des modalités de mise en œuvre. Ce travail sera certainement fait en étroite collaboration avec les acteurs clés des arrondissements qui vivent réellement les difficultés et dans la transparence la plus absolue.

Tout compte fait, les solutions réalistes et réalisables seront mises en œuvre aussitôt que possible.

Il nous est revenu que vous avez reçu une délégation d’habitants des zones en question qui s’inquiètent de la lenteur dans la mise en œuvre des recommandations de la commission mise en place par le gouverneur. Pouvez-vous nous en dire un mot ?

Sur instruction de monsieur le Gouverneur de la Région des Hauts-Bassins, j’ai reçu une dizaine de personnes se réclamant de structures de défense de droit au logement. Nos échanges ont porté essentiellement sur le foncier dans la commune.

Dans quelle ambiance la rencontre s’est-elle déroulée ? Avez-vous le sentiment d’avoir été entendu et compris ?

La situation sécuritaire et les manifestations tout azimut dans la province nous amènent à observer une certaine prudence lorsque nous recevons des administrés. Cela est souvent mal compris par certains acteurs qui sont pressés de voir régler des problèmes vieux d’une dizaine d’années. Nous leur demandons simplement d’intégrer la donne sécuritaire de la province dans toute action. La priorité, c’est la reconquête de nos territoires.

Certaines associations d’habitants desdites zones envisagent une marche dans les jours à venir. Êtes-vous au courant ? Qu’avez-vous à leur dire ?

C’est assurément une information que vous me donnez. A la date d’aujourd’hui, nous n’avons pas encore enregistré une correspondance dans ce sens. Le cas échéant, j’espère pouvoir compter sur l’esprit républicain de ces associations.

Mon message à leur endroit est que nous sommes conscients des souffrances que leurs membres endurent depuis plusieurs années. Mes collaborateurs et moi sommes à pied œuvre pour trouver des solutions objectives aux problèmes fonciers qu’ils vivent. Il faut néanmoins qu’elles comprennent que la priorité reste la résolution de la crise sécuritaire, mais que leurs problèmes recevront un traitement adéquat en fonction de l’évolution de la donne sécuritaire.

Propos recueillis par

Aly KONATE

alykonat@yahoo.fr