En Conseil des ministres du jeudi 17 août 2023, le gouvernement burkinabè a adopté un décret relatif à la gestion des eaux usées et excrétas. Ce qui rappelle en même temps qu’il est interdit de vider sa fosse septique dans la rue ou dans les caniveaux prévus pour l’évacuation de l’eau de ruissellement.
« Ce décret encadre la gestion de la chaîne de valeur de l’assainissement autonome des eaux usées et excrétas en termes de confinement des eaux usées et excrétas, de leur évacuation, de leur traitement et de valorisation des boues de vidange », peut-on lire dans le compte-rendu du Conseil des ministres. Lequel décret « interdit de jeter, de rejeter, de déverser ou de faire jeter, rejeter ou déverser des eaux usées et excrétas sur la voie publique, dans les canaux d’évacuation des eaux pluviales ou de tout autre lieu, à l’exception de ceux prévus par les autorités publiques ». Par conséquent, il « fait obligation de réaliser des ouvrages d’assainissement autonomes à l’intérieur des parcelles d’habitation ou des établissements recevant du public ». Il est aussi obligation à chaque commune de se doter au moins d’une station de traitement des boues de vidange ou, à défaut, de la réaliser dans le cadre del’intercommunalité.
« Dans le cadre de l’application de ce décret, les communes disposent d’un délai de 03 ans pour réaliser les stations de traitement des boues de vidange. Quant aux ménages et établissements recevant du public, ils disposent d’un délai de 02 ans pour se mettre en règle », précise le compte-rendu du Conseil des ministres.
Ce que dit la loi !
Du reste, cela est prescrit par la loi n°006-2013/AN du 02 avril 2013 portant Code de l’environnement au Burkina Faso qui stipule en son article 80 : « En vue de la gestion des eaux de pluie, des eaux usées et des excréta issues des habitations ou des établissements classés, il est institué dans chaque commune, un système d’assainissement collectif et un système d’assainissement non collectif. Les règlements pris organisent chaque système d’assainissement.
En situation d’assainissement collectif, le raccordement des immeubles, des habitations et des établissements classés au réseau d’assainissement collectif est obligatoire dans un délai de deux ans suivant la mise en service du réseau. Passé ce délai, l’établissement communal pour l’assainissement des eaux met tout contrevenant en demeure d’opérer ledit raccordement. Lorsque la mise en demeure est restée vaine, l’établissement réalise les travaux de raccordement aux frais du contrevenant.
En situation d’assainissement non collectif, le système d’assainissement mis en place doit être conforme à la réglementation en vigueur sous peine de sanctions administratives oucontraventionnelles ».
Incivisme à tous les étages !
Et « toute opération de lotissement doit intégrer la réalisation préalable d’ouvrages d’assainissement appropriés », selon l’article 82 de ladite loi n°006-2013/AN du 02 avril 2013 portant Code de l’environnement au Burkina Faso.
La même loi dispose en son article 136 : « Est passible d’une amende de cinq cent mille (500 000) à deux millions (2 000 000) de francs, quiconque s’abstient de raccorder son immeuble ou son établissement à un réseau collectif d’assainissement en violation des dispositions de l’article 80 de la présente loi ».
Bien que cette loi existe depuis dix ans, ils sont nombreux les Burkinabè, qui vident leurs fosses septiques dans la rue, surtout après une forte pluie. Des déjections qui se retrouvent parfois devant les portes des voisins. Et que dire des lotissements (ou morcellements de terres) sans « la réalisation d’ouvrages d’assainissement appropriés », dans la quasi-totalité de nos villes. Comme l’on peut malheureusement le constater, les Burkinabè ont du mal à respecter les lois et règlements qu’ils se sont eux-mêmes fixés pour un vivre-ensemble dans la cohésion et le respect mutuel. Ce nouveau décret adopté en Conseil des ministres, le 17 août sera-t-il plus respecté ? Rien n’est moins sûr !
Aly KONATE