L’imam de Belleville a comparu à l’audience correctionnelle du 06 juin 2023 pour répondre des faits de menaces sous conditions et incitation à la haine et la violence. Le parquet a requis 12 mois de prison et une amende de 500.000 F CFA, le tout assorti de sursis.
C’est suite à un litige relatif à un terrain qui oppose le camp de l’imam et la communauté catholique. Ledit terrain est situé à Belleville, secteur 29 de Bobo-Dioulasso en face de l’Institut Supérieure des Filières Professionnalisantes (ISFP). Les autorités compétentes avaient déjà attribué le terrain à la communauté catholique, parce qu’elle détient les documents valables.
Quant à l’imam, il ne détient pas de document qui atteste que l’espace leur appartient. C’est suite à cette décision qu’il a tenu des propos via une vidéo le 13 mai 2023 dans laquelle, il profère ouvertement des menaces contre la communauté catholique. Dans cette vidéo de 1mn32s, on attend le leader religieux dire clairement: » Si l’on enferme un de nos fidèles à cause de cette affaire de parcelle, nous allons casser toutes les églises catholiques de Belleville ».
Le procureur estime qu’il a incité dans ces propos, ses fidèles à la haine et à la violence envers cette même communauté. C’est sur cette base qu’il le poursuit pour les infractions de menaces sous conditions, et incitation à la haine et à la violence.
A la barre ce 06 juin 2023, le tribunal a d’abord fait écouter le message de la vidéo par le public avant de passer à l’interrogatoire du prévenu. L’accusé a reconnu les faits qui lui sont reprochés et dit regretter d’avoir tenu de tels propos. Et à la question du juge de savoir quel est le rôle d’un imam? Celui-ci répond en ces mots: « C’est de prier les gens, pour la paix et les conduire sur le bon chemin ». « Mais pourquoi avez-vous agit de la sorte ? Voulez- vous soulever une affaire similaire à l’affaire Panzani ? ». « Non! », répond l’imam. Qui, pour se disculper explique : « J’ai tenu ces propos sous l’effet de la colère, sinon je n’avais pas l’intention de faire du mal ».
En réponse à d’autres questions du juge l’accusé reconnait plus loin que lui et sa communauté jouissent plutôt d’un simple document du maire qui les autorise à prier sur le terrain et non des documents d’attribution de parcelle. Dans la suite de l’interrogatoire du juge, on apprendra ensuite que l’imam a fait ses études en Jordanie et se dit être prêt, en cas de liberté, à reconnaître son tort devant ses fidèles et la communauté catholique. « Je vais continuer à leur montrer le bon chemin », a promis le serviteur de Dieu à la barre.
Pour sa part, le parquet dit être mal à l’aise de voir un imam à la barre, alors qu’il est censé réunir et éduquer les populations dans le sens de la paix et de la cohésion sociale. »Notre pays est fragile actuellement donc a n’a pas besoin de ces genres de scènes », rappel le parquet. Et le procureur de souhaiter que ce procès soit un cas d’école pour les fauteurs de trouble. « Nous voulons qu’après cette affaire, l’imam ici présent soit un partisan de paix et de cohésion sociale », a-t-il souligné.
À la fin des débats, le parquet a requis contre l’accusé la peine d’emprisonnement de 12 mois et une amende de 500.000 F CFA, le tout avec sursis. Après les plaidoiries de son avocat, le tribunal a mis le dossier en délibéré pour le 27 juin 2023. Cela veut dire que l’imam sera situé sur son sort à cette date. En attendant, il séjourne à la Maison d’arrêt et de correction de Bobo (MACB).
Ben Alassane DAO