Autant le dire… : Capitaine Traoré, « vous avez quasiment une obligation de résultat »

Les Burkinabè sont en train de charger le jeune président, Capitaine Ibrahim Traoré de tous leurs problèmes. « Vous qui êtes venu pour redresser la barre, sachez que vous avez quasiment une obligation de résultat… », avait soutenu le président par intérim du Conseil constitutionnel le jour-même de la prestation de serment du président.

Avant de prendre le Capitaine aux mots : « Au titre des justificatifs de cette transition, il a été soutenu la dégradation continue de la situation sécuritaire et l’incapacité du pouvoir d’alors en place d’y remédier. Huit mois après, les réalités du Burkina n’ont guère changé véritablement, vous conduisant à opérer un recadrage dans la conduite des affaires de l’Etat, notamment dans la lutte contre le terrorisme ; ce qui justifierait les événements du 30 septembre, des 1er et 2 octobre 2022 ». Puis il le met devant les faits : « Dans tous les cas, les assises nationales du 14 octobre 2022 vous ont désigné pour conduire la suite de la transition. Le Conseil constitutionnel vient de recevoir votre serment. C’est un engagement solennel et ferme que vous avez pris devant le peuple ».

Comme de nombreux autres Burkinabè qui attendent beaucoup ou presque tout du Capitaine, le président par intérim du Conseil constitutionnel a conclu : « Monsieur le Président, c’est à vous qu’il appartient dès à présent d’œuvrer à sortir le Burkina Faso des situations à la base de cette instabilité au sommet de l’Etat depuis près d’une décennie. … ». Pour ce faire, dans un premier temps, conseille le président, « il vous faudra très rapidement vous atteler à libérer le pays des hordes de terroristes et à permettre à nos frères et sœurs déplacés de regagner leurs localités d’origine ».

Du coup, on accable le président Ibrahim Traoré de tous nos maux, contraint qu’il est de leur trouver des solutions. En oubliant que même Capitaine des forces armées nationales, combattant sur le terrain qu’il connait parfaitement, il lui sera très difficile, tout seul, de réparer ce que nous avons gâté depuis plusieurs années en arrière. Doit-on alors comprendre le président Paul-Henri Sandaogo Damiba lorsque dans son dernier message aux Burkinabè, il situait les responsabilités des uns et des autres dans la situation difficile de notre pays !

Dans leur ensemble, les Burkinabè sont à la fois responsables et complices dans la dégradation de la situation sécuritaire de leur pays en même temps qu’ils sont auteurs ou co-auteurs de la mal gouvernance généralisée qu’on observe dans presque tous les compartiments de l’administration publique et dans le privé. Même si elle ne l’est pas, la corruption est pratiquement érigée en règle. Tout le monde est soit corrompu soit corrupteur. Ça, c’est connu de tous. Mais, toutes les initiatives engagées pour la réduire à défaut d’y mettre fin, n’ont jamais donné des résultats probants. L’indiscipline, l’intolérance, la haine, la médisance, la médiocrité, le laxisme, voire l’incompétence sont le quotidien de nombreux Burkinabè qui pensent que le problème, ce sont les autres. Aussi, tant qu’on ne changera pas individuellement et collectivement, Ibrahim Traoré n’y pourra rien.

Dabaoué Audrianne KANI