Autant le dire… :décès de Alino Faso, savoir garder la tête froide

L’activiste burkinabè Alain Christophe Traoré, alias Alino Faso, est décédé, « le jeudi 24 juillet 2025, à 7 heures 30 minutes », selon le procureur de la République près le Tribunal de première instance d’Abidjan, à travers un communiqué daté du 27 juillet. Selon ledit communiqué, il « a été découvert mort dans sa chambre » à l’Ecole de Gendarmerie où il était détenu. Quant aux circonstances du décès, « il ressort des conclusions du médecin légiste que Monsieur Traoré Alain Christophe s’est pendu à l’aide de son drap de lit, après avoir tenté sans succès de s’ouvrir les veines du poignet », informe le procureur.

Une information qui a abondamment inondé les réseaux sociaux, non seulement en Côte d’Ivoire où résidait l’infortuné, mais aussi au Burkina Faso, et dans la sous-région. Mis sous verrous le 10 janvier 2025 à Abidjan, il « était poursuivi pour des faits d’intelligence avec des agents d’un Etat étranger de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique de la Côte d’Ivoire ou à ses intérêts économiques essentiels, complot contre l’autorité de l’Etat, diffusion de nouvelles fausses de nature à entrainer une atteinte au moral de la population, rassemblement des renseignements de nature à nuire à la Défense nationale dans l’intention de les livrer à un Etat étranger et espionnage », rappelle le procureur dans son communiqué.

Même si le procureur ne précise pas de quel Etat il s’agit, il n’est pas fortuit de noter qu’à l’époque de l’arrestation du désormais feu Alino Faso, la tension était vive entre les autorités ivoiriennes et celles burkinabè. Chaque partie suspectant l’autre de velléités de déstabilisation de son régime. Même si la température semble avoir quelque peu baissé, malgré les griefs relatifs à la présidence du Conseil des ministres de l’UEMOA qui rappellent que tout n’est pas réglé, du côté burkinabè, notamment dans les rangs des activistes et des Wayiyan, la thèse du suicide passe mal. Certains n’hésitant pas à parler d’assassinat. Quand bien même le procureur à Abidjan précise que « des enquêtes sont en cours pour déterminer les motifs et les circonstances de ce suicide ». Ainsi, selon le site Sahel 24, dans sa publication du 27 juillet 2025, Alino Faso aurait été torturé par des agents de la Direction de la surveillance du territoire de Côte d’Ivoire, au cours d’interrogatoires. Qui l’auraient « mis dans un gros sac en lui disant que lorsqu’il n’aurait plus d’oxygène, qu’il aurait envie de dire la vérité, il pourrait faire des signes de la main comme le font les boxeurs. Ainsi, c’est lors de ce dernier traitement inhumain qu’Alino Faso aurait succombé », écrit le média en ligne.

Sans information officielle, les autorités burkinabè ont exprimé leur indignation à la chargée d’Affaires de l’ambassade de Côte d’Ivoire à Ouagadougou. « Il y a beaucoup de mépris, un manque de d’égard et de courtoisie pour les autorités et le peuple burkinabè », s’est indigné le chef de la diplomatie burkinabè, K. JM Traoré. Qui demande le rapatriement du corps du disparu, puisqu’il était déchu de sa nationalité ivoirienne.

Au risque de donner du grain à moudre à ceux qui accusent le Burkina Faso d’être la base arrière de tous les auteurs de troubles en République sœur de Côte d’Ivoire, les autorités burkinabè ont pris leurs responsabilités. En exigeant que toute la lumière soit faite sur le décès tragique de leur compatriote. Quitte à froisser leurs homologues du bord de la Lagune Ebrié.

Dans tous les cas, il appartient aux dirigeants ivoiriens et burkinabè de garder à l’esprit les intérêts des deux peuples frères. En gardant leur sang froid. La famille, parents et amis du défunt ont besoin de connaître la vérité, rien que la vérité. Et non de polémique politicienne !

Aly KONATE

alykonat@yahoo.fr