Autant le dire… La Journée des coutumes et des traditions, ce n’est pas du folklore

La journée des coutumes et des traditions a été célébrée hier mercredi 15 mai dans tous les quatre coins du pays. Ainsi, chacun y est allé selon la tradition.

Que ceux qui pensent ou qui ont pensé que la Journée des coutumes et des traditions peut être du folklore se détrompent. Si on peut faire du folklore à certaines occasions, ce n’est certainement pas au moment de célébrer des coutumes et des traditions. Comme disent les jeunes, « là-bas, ça ne ment pas ; soit c’est ça, soit ce n’est pas ça ».
Il faut avoir été à des célébrations pour comprendre qu’il y a beaucoup de sérieux dans nos coutumes et traditions, car avec les ancêtres et les divinités on ne s’amuse pas. Les ancêtres, chacun de nous en a. Qu’on soit chrétien, musulman ou autre, chacun de nous est d’abord issu d’un village, d’une communauté où il y a des croyances aux ancêtres, aux coutumes et aux traditions qui ont fondé le village. Chacun de nous à des interdits en rapport avec la nature. Soit c’est un animal qu’on ne tue pas ou qu’on ne mange la viande, soit c’est un arbre qu’on ne coupe pas et que nous devons protéger.
En outre, que ce soit dans les familles ou dans les communautés dans les villages, il y a des règles et des modes de vie qui sont communs. Il y a ce qui est permis et ce qui ne l’est pas. Qu’on soit un homme ou une femme, il y a des comportements à adopter à des occasions ou pendant des cérémonies coutumières ou traditionnelles.
La combat contre le terrorisme et l’insécurité est venue nous démontrer que pour gagner la guerre, il nous faut nous baser sur nos coutumes et traditions en y faisant recours. Ce n’est pas un secret : c’est ce que beaucoup de communautés ont compris et ont fait. Nos coutumes et nos traditions sont des armes redoutables dont nous sommes les seuls à connaitre le maniement. N’est-ce pas pour cela que depuis la colonisation, tout a été fait pour que nous les abandonnions pour mieux nous asservir ?
La Journée des coutumes et des traditions a sonné et devrait continuer de sonner comme cette sorte de décolonisation des mentalités pour enfin nous consacrer à nos valeurs, celles qui nous sont propres. Ce sont entre autres, le patriotisme, l’intégrité, la dignité, le civisme, la citoyenneté, la solidarité, la vérité, la justice, la réconciliation, le respect des droits humains, l’équité, le genre, la bonne gouvernance, le dialogue, l’inclusion. Les Chinois ont leurs coutumes et leurs traditions. Les Indiens ont les leurs ; tout comme les Juifs, les Béninois, les Kenyans, les Japonais, les Russes, les Arabes, les Occidentaux et bien d’autres peuples.
Le thème de la dernière Semaine nationale de la culture nous invite à aller puiser dans notre patrimoine culturel, nos coutumes et traditions, pour bâtir le renouveau, le Burkina nouveau. C’est donc à un changement de mentalité et de comportement que cette Journée des coutumes et des traditions nous convie. Un peuple ne peut en aucun cas se développer en se fondant sur la langue, les coutumes et les traditions d’un autre peuple. C’est une loi universelle et le moment est venu pour nous de le comprendre et de prendre toute la mesure de la situation.
Dabaoué Audrianne KANI