La tension est montée d’un cran entre l’opposition, la majorité et des organisations de la société civile autour de la lutte contre le terrorisme. A l’ultimatum d’un mois donné par le chef de file de l’opposition politique au président du Faso pour trouver une solution à la question à défaut qu’il démissionne, le président du Parti pour la renaissance nationale (PAREN) Abdoul Karim Sango a répondu en le qualifiant « d’irresponsable ». De leur côté, des organisations de la société civile qui ont contribué à l’insurrection population crient leur désarroi, estimant que la situation est insoutenable. Parce qu’elles n’ont pas fait l’insurrection populaire pour vivre dans un Burkina Faso dont certaines parties sont sous le contrôle de groupes armés.
A l’analyse de ces complaintes et des justifications des uns et des autres, on a bien envie de dire que tout le monde joue très bien le jeu des terrorismes. Car, il est établi que les terroristes aiment quand les populations d’un pays ne s’entendent pas. C’est l’une de leur mission : diviser les citoyens, les fragiliser pour bien réussir leur coup. C’est exactement dans cette situation que le Burkina Faso se trouve. Aussi, faut-il convenir avec ceux qui demandent aux Burkinabè de s’unir, que c’est seulement ensemble, comme un seul homme que nous viendrons à bout du terrorisme. Les terroristes ne feront jamais de différence (et ils ne l’ont jamais fait d’ailleurs) entre la majorité, l’opposition et des organisations de la société civile.
Aussi, est-il important de noter une fois pour toutes, que ce n’est pas en complaignant ; que ce n’est pas en donnant des ultimatums au président du Faso ; que ce n’est pas non plus en se réfugiant derrière de seuls appels à l’unité qu’on neutralisera les terroristes. Si l’ensemble des Burkinabè est invité à s’unir autour des forces de défense et de sécurité avec lesquelles ils doivent collaborer sincèrement, il appartient au gouvernement, à travers le président du Faso, chef suprême des armées, d’impulser le mouvement. C’est lui qui donne le ton. Et c’est ce que les Burkinabè attendent de lui.
Ils se seraient tus si de 2015 à aujourd’hui, le nombre de morts avait diminué. Ils se seraient tus si dans la même période, le nombre de personnes déplacées, d’écoles fermées et d’enfants à la recherche de l’éducation avait diminué. Ils se seraient tus si des villes, des villages et des zones entières de notre pays n’étaient pas occupés par des terrorismes. Ils se seraient tus si dans ces zones abandonnées par l’administration, les terroristes n’imposaient pas leur mode de vie aux populations. Ils se seraient enfin tus si dans leur pays, les Burkinabè pouvaient aller partout tranquillement et revenir tranquillement quand ils veulent et comme ils veulent.
A la décharge de ceux qui se plaignent, qui pleurent ou qui dénoncent ce qu’ils considèrent comme une inaction du gouvernement, on peut dire qu’eux au moins sont conscients du péril terrorisme. Quant à ceux qui continuent de croire que ça ne les concerne pas, ils peuvent continuer d’attendre.
Dabaoué Audrianne KANI