Après des élections âprement disputées ; des résultats contestés par l’opposition et confirmés par la Cour constitutionnelle, puis un coup d’Etat manqué, Mohamed Bazoum le président élu du Niger sera consacré comme tel ce vendredi 2 avril. Succédant ainsi à Mahamoudou Issoufou, celui-là avec qui il a longtemps cheminé. Ce n’est donc pas un novice des arcanes du pouvoir qui arrive à la tête de l’Etat nigérien.
Arabe Oulad Souleymane, Mohamed Bazoum est le cadet de six frères et deux sœurs. Mohamed Bazoum est musulman sunnite. C’est au lycée Amadou Kouran Daga de Zinder de 1975 à 1979 qu’il obtient son baccalauréat A4. Il fait ses études universitaires de 1979 à 1984 à l’université de Dakar (Sénégal) à la faculté des lettres et sciences humaines au département de philosophie. Il est détenteur d’une maitrise en philosophie politique et morale puis d’un Diplôme d’études approfondies (DEA), option logique et épistémologie. Il est membre du Syndicat national des enseignants du Niger (SNEN) et du Bureau exécutif de l’USTN (Union syndicale des travailleurs du Niger). Enseignant en philosophie, il représente en 1991 l’USTN à la Conférence nationale.
Il est membre fondateur du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya) créé en décembre 1990 dont il occcupe le poste du Président du Comité exécutif national (CEN) depuis l’accession en 2011 de Mahamadou Issoufou au pouvoir. En janvier 1998, le président Ibrahim Baré Maïnassara dénonce un complot visant à le tuer. Mohamed Bazoum, bras droit d’Issoufou, est arrêté.
Quatre fois élu député et plusieurs fois vice-président de l’Assemblée nationale et président du groupe parlementaire du PNDS-Tarayya, il a été membre du parlement de transition de 2010 à 2011. Mohamed Bazoum est également secrétaire d’État auprès du ministre des affaires étrangères et de la coopération chargé de la coopération de 1991 à 1993 pendant la transition démocratique post-conférence nationale. Il fait partie du groupe des 14 députés qui déposent la motion de censure qui entraîne la chute du gouvernement de Hama Amadou.
Il est ministre des Affaires étrangères de 1995 à 1996 et de 2011 à 2015. Entre 2015 et 2016, il est ministre d’État à la présidence où il a comme tâche principale l’organisation de la réélection du président Issoufou. Entre avril 2016 et juin 2020, il est ministre d’État, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique, de la Décentralisation et des Affaires coutumières et religieuses.
Il devient le 31 mars 2019 le candidat du PNDS Tarayya pour l’élection présidentielle de 2020-2021 en vue de succéder au président Mahamadou Issoufou qui ne peut briguer un troisième mandat conformément à la constitution. En juin 2020, il va démissionner du gouvernement pour se consacrer à la campagne électorale. Au premier tour de l’élection présidentielle, il obtient 39,3 % des voix et finit en première position. Au second tour, le 21 février 2021, il l’emporte.
Sa victoire malgré son appartenance à une ethnie ultra-minoritaire, les Oulad Souleymane principalement présents en Libye, est perçue comme un signe d’une bonne santé de la vie politique nigérienne, qui se détacherait d’un vote à prédominance communautaire auquel le pays était jusque-là habitué. Cette appartenance ethnique n’est cependant pas dépourvue de polémique identitaire ; une partie de l’opposition l’utilisant pour jeter le doute sur la légitimité, voire la légalité, de sa candidature en faisant courir le bruit qu’il serait né à l’étranger, appelant les électeurs à ne pas élire un « président libyen » et à « ne pas choisir un blanc », en référence à son teint relativement clair. Le 21 mars 2021, la Cour constitutionnelle le déclare élu président. Ce 2 avril, il portera les attributs de président du Niger pour cinq ans.
Dénis Dafranius SANOU