« Le Conseil a examiné un rapport sur l’évolution des prix de produits de grande consommation et les actions de contrôle de prix. Il ressort de ce rapport que le renchérissement du fret maritime et des coûts de transport dû à la survenue de la pandémie de COVID-19 a impacté négativement l’évolution des prix ». Tels sont les termes du Conseil des ministres du mercredi 7 juillet pour justifier l’augmentation des prix des produits de grande consommation.
Tout de suite, on a envie de dire non. Non, ce n’est pas le Covid-19 qui est la principale raison de l’augmentation des prix des produits de grande consommation. On peut comprendre que les prix de certains produits d’importation connaissent des hausses. Mais, il est inconcevable de constater que les prix du maïs, du piment, du haricot, du sorgho, de l’huile produite au Burkina…soient hors de portée des Burkinabè. On ne peut pas comprendre que le prix du kilogramme de viande passe de 1250 F CFA à 3000 FCFA.
On ne peut pas non plus comprendre que le poisson sur lequel se ruaient les bourses moyennes ou pauvres ne soit plus subitement accessible du fait du prix du kilogramme. On ne peut pas comprendre qu’en plus de l’augmentation du prix du sac du riz, que les quantités ne soient pas respectées. Quand les ménagères vont au marché, elles ne savent plus quoi payer pour nourrir la famille. Pour ce qui est des matériaux de construction comme le ciment (et même là puisqu’on nous fait croire qu’en le produisant chez nous il sera moins cher) ou le fer, on peut comprendre que leurs prix augmentent, mais quand la qualité n’y ait pas, c’est un autre problème.
En effet, il y a comme un pourrissement général de la société burkinabè. Le recours au gain facile, et le plus rapidement possible, semble avoir gagné tout le monde à tel point que chacun pense que le temps est venu pour lui de se faire de l’argent. Dans n’importe quel domaine et avec n’importe quel moyen.
Du plus riche au plus pauvre en passant par la classe moyenne, la course vers l’argent et les avantages qu’il procure a gagné tous les milieux. Même là où il n’y a pas d’affaires à faire, on les crée et on les fait, au su et au vu de tous. Doit-on alors s’étonner que les médicaments destinés gratuitement aux enfants de moins de cinq ans et aux femmes enceintes soient détournés par des agents de santé et revendus sur le marché à des prix inaccessibles ? Doit-on s’étonner que les vivres destinés aux personnes déplacées internes, démunies de tout, soient détournés et revendus sur le marché à des prix inaccessibles aux bourses moyennes ?
Heureusement (on ose bien y croire) que les instructions données par le Conseil des ministres en plus des actions déjà en cours par le ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, permettront de trouver très rapidement une solution à cette situation qui peut être source de crise sociale. On en a déjà connue.
Dabaoué Audrianne KANI