Autant le dire… Ne laissons pas tous ces beaux arbres mourir !

Nous ne cesserons de le répéter. L’expérience a montré que le plus difficile n’est pas de planter un arbre, mais de l’entretenir. Ainsi, chaque année au Burkina Faso, on plante des milliers, voire des millions d’arbres. Malheureusement, au décompte il ne reste que quelques-uns qui ont survécu. Parfois parce qu’ils ont tout simplement échappé aux animaux, aux feux de brousse ou encore à l’action directe même des hommes. Ceux-là même qui les ont plantés. Si ce ne n’est pas envoyer des arbres à l’abattoir comme on le ferait pour des animaux, ça y ressemble.
Si tous ces millions d’arbres qu’on a plantés depuis des années avaient survécu, ne serait-ce que le tiers ou même le quart, le Burkina Faso serait aujourd’hui très boisé. Et on ne serait pas encore en train de mobiliser des gens pour planter des arbres. Autrement, tous ces centaines de millions de FCFA qui sont aujourd’hui mobilisés pour planter des arbres, pouvaient servir à autre chose. Hélas ! Mille fois hélas ! Les gouvernements qui se sont succédés ont chacun eu sa stratégie. Qui n’a pas été mauvaise. Mais là où le bât a toujours blessé, c’est dans le suivi et la protection des plants mis en terre.
Aux opérations de plantation des arbres, la Révolution de Thomas Sankara avait adjoint la lutte contre la divagation des animaux et la coupe abusive du bois. Aujourd’hui, tout porte à croire que le principal slogan est que chacun plante un arbre. Pour le reste, on s’en remet à la nature, ou du moins à Dieu. Conséquence, très peu d’arbres survivent après avoir été plantés.
Cette année, la nouvelle trouvaille est de planter les arbres en début de saison afin qu’ils puissent profiter des pluies. Là encore, c’est à la nature et à Dieu qu’on s’en remet. Exactement comme nous le faisons en ce qui concerne l’agriculture de façon générale. A priori, cette mesure n’est pas mauvaise. Car, il est insensé de planter des arbres au mois de septembre, à la fin de la saison des pluies tout en sachant qu’on n’a prévu aucune mesure pour les entretenir et les protéger contre les animaux et les feux de brousse.
Que ce soit dans les campagnes ou dans les villes, tous les Burkinabè sont conscients de la nécessité des arbres. Ils savent que les arbres leur procurent de l’ombre. Les arbres leur procurent du bois ou du charbon. Les arbres leur procurent des fruits dont ils se nourrissent. C’est grâce aux arbres qu’il pleut. C’est avec les feuilles, les racines ou les écorces des arbres que de nombreux Burkinabè se soignent. Ils sont donc bien informés pour savoir qu’il faut planter des arbres et les protéger. Il reste à leur donner les rudiments ou les mobiliser davantage à planter, mais aussi et surtout à entretenir. Ce qui, en principe, n’est pas compliqué. Le soumbala, le beurre de karité, le raisin, les lianes, les feuilles de baobab, pour ne citer que ceux-ci, sont des produits d’arbres que nous pouvons planter. En plus, ça rapporte de l’argent.
Dabaoué Audrianne KANI