Autant le dire… Ni en période de transition ni dans un régime démocratique

On ne prend pas un pouvoir pour le remettre ensuite à quelqu’un d’autre ; conseillent les sages. Comme ce fut le cas en octobre 2022, le Capitaine Ibrahim Traoré conserve son pouvoir. Il ne pouvait en être autrement car lui et ses soutiens ne pouvaient en aucun cas, le remettre à qui le voudrait. En tout cas, pas à ces hommes politiques qu’on ne cesse de présenter comme le mal du Faso. Il est donc tout à fait normal que les participants aux assises aient abondé dans ce sens de la conservation du pouvoir. Le Capitaine Ibrahim Traoré qui a pris le pouvoir en octobre 2022 par les armes, va continuer de diriger le Faso. Cette fois-ci, en tant que président du Faso. Mieux, il dispose d’un mandat de cinq ans pour « poursuivre son action ».
On peut donc penser que les assises nationales sont désormais derrière nous. Le plus important, c’est comment impliquer davantage l’ensemble des Burkinabè dans la conduite des affaires de la nation. Car, tout porte à croire, qu’on le veuille ou pas, que les assises nationales n’ont pas réussi à rassembler l’ensemble des forces vives de la nation. Aussi, la polémique risque de se poursuivre encore quelque temps. Ce qui ne sera pas indiqué pour une sérénité dans la lutte contre le terrorisme et pour l’atteinte des autres missions de la transition.
Malheureusement, dès lors que nous ne sommes plus dans une transition, il faut ouvrir le jeu politique afin de permettre à tous ceux qui veulent s’y essayer de le faire. Autrement, si le président Ibrahim Traoré ne veut pas qu’on lui colle l’étiquette d’autoritaire, il doit permettre aux partis politiques de reprendre leurs activités. Même si c’est au minima. En outre, il faut libérer les Burkinabè afin qu’ils puissent s’exprimer sur la vie de leur pays. Ceux qui critiquent ou qui n’ont pas les mêmes points de vue que les dirigeants et soutiens de la transition, ne sont pas nécessairement contre le pouvoir ni contre le Capitaine Ibrahim Traoré. Tout le monde veut le bien de ce pays. Ce sont les approches qui différent. Dans tous les cas, le Capitaine va disposer à partir du 2 juillet de tous les leviers pour orienter la vie politique du pays dans le sens qu’il veut.
En effet, il lui sera très difficile d’envisager sereinement et sur le long terme l’avenir de la nation sans l’implication de la classe politique et des intellectuels. Que ce soit ceux qui sont actuellement en activité et ceux à venir, ils auront leur mot à dire dans la construction de la nation. Les hommes politiques, partout à travers le monde, ont toujours été les mêmes. Certes, il y en a qui sont meilleurs, mais lorsqu’on parle de politique, il faut associer les compétences techniques à la capacité de ruser. Même ce qui se fait actuellement sous la transition n’est rien d’autre que de la politique. Elle n’est jamais tout à fait saine.
Dabaoué Audrianne KANI