Si nous avions une classe politique responsable, dont les vrais objectifs étaient de défendre les intérêts des populations on n’assisterait pas à ce spectacle honteux dans lequel l’Etat est obligé de demander le remplacement de conseillers municipaux ou de maires pour fait de nomadisme. Quand on adhère à un parti politique, c’est en principe par conviction, surtout pour les idéaux que défend le parti en question. Quand arrive le moment où on n’est plus en phase avec ces convictions et cette idéologie, on quitte logiquement le parti. Quand on le quitte, alors qu’on n’est pas uni par aucun régime de biens communs, on remet tout naturellement ce qui ne vous revient pas.
Malheureusement, c’est ce que beaucoup d’hommes politiques, toute honte bue, refusent de faire. Le cas le plus flagrant est celui de ces 13 anciens députés de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) qui avaient démissionné du groupe parlementaire de leur parti à l’Assemblée nationale, mais qui refusaient de démissionner formellement de leur parti comme le voudraient la loi, mais aussi le bon sens.
L’astuce a été de créer un second groupe parlementaire dénommé UPC-RD qui ne partageait pas forcément les mêmes points de vue par rapport à la majorité. Qui, bien naturellement, puisque cela l’arrangeait, n’avait rien fait pour mettre de l’ordre dans la maison UPC qui se lézardait ainsi. C’est à se demander si elle n’était pas à l’origine. C’est seulement au moment où ils ne pouvaient plus être remplacés par leurs suppléants qu’ils ont quitté le parti pour en créer un autre et se présenter aux législatives pour certains. Les municipales n’ayant pas encore eu lieu, ils détiennent des mandats qui ne leur appartiennent pas. Pour leur simple honneur, ils devraient remettre à l’UPC ses mandats. Malheureusement, c’est ce qu’ils refusent de faire.
Alors que le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a demandé leur remplacement, certains ont encore trouvé des subterfuges pour ne pas se faire remplacer et continuer à sucer impunément le contribuable. C’est tout simplement honteux et la loi devait s’appliquer dans toute sa rigueur. A Ouagadougou, la lettre du ministre de l’Administration territoriale a été attaqué et celui-ci débouté. Pire, l’Etat doit payer 500 000 FCFA à chacun des conseillers concernés. Et ils en sont fiers !
A Houndé et à Orodara, les maires qui devaient être remplacés vendredi dernier ont usé de bien de manœuvres (officieusement) pour que les conseillers ne se présentent pas le jour de leur remplacement. Le quorum n’étant pas atteint, aucun conseil ne peut se tenir. Si bien qu’ils vont continuer à rester en poste. Jusqu’à quand ?
La question qui se pose n’est pas forcément celle des personnes mises en cause. Mais la procédure. Si l’Etat a voté des lois, il doit se donner tous les moyens de les appliquer rigoureusement. Au cas contraire, il devient si faible que personne ne voudra encore le respecter. Ce qui peut constituer un danger pour la vie en communauté.
Dabaoué Audrianne KANI