Autant le dire… :plantation patriotique, entretien patriotique

Les Burkinabè sont sortis massivement dans presque toutes les localités et ont planté de façon patriotique cinq millions d’arbres médicinaux pour répondre à l’appel du Chef de l’Etat, le Capitaine Ibrahim Traoré qui l’a demandé. Pour une opération de reboisement, on peut dire que l’objectif est atteint. En tout cas pour cette première phase. Car, la plupart de ceux qui ont planté l’ont reconnu et dit : il est bien de planter des arbres mais, il est encore mieux de les entretenir. Autrement, il ne sert à rien de planter cinq millions d’arbres pour ensuite leur tourner le dos et les exposer aux intempéries, à la divagation des animaux et aux feux de brousse.

Malheureusement, c’est ce que les Burkinabè font depuis des années. Quand arrive la période de plantation d’arbres, chacun se précipite sur les sites de plantations, devant les caméras pour montrer qu’il est patriotique parce qu’il a planté un arbre. Et ça s’arrête là. Non ! Le patriotisme ne doit pas s’arrêter là. Le patriotisme, c’est aussi entretenir les arbres qu’on a mis en terre et revenir très prochainement les voir en train de grandir, de s’épanouir, de produire des fruits, de donner de l’ombre ou encore des écorces ou des feuilles pour la pharmacopée ou la médicine.

C’est pourquoi, le Capitaine Ibrahim Traoré doit donner des instructions fermes pour que l’année prochaine, au lieu de procéder seulement à des plantations sur d’autres sites, que chacun retourne là où il a planté des arbres cette année pour faire le point et rendre effectivement compte. Ainsi, ceux qui auront eu le plus grand taux de survie d’arbres seront récompensés. Les autres devront reprendre la plantation jusqu’à faire de leurs sites deviennent de véritables bosquets d’arbres médicinaux.

Il est en effet reconnu que si les Burkinabè entretenaient les arbres qu’ils ont plantés depuis des années, on n’aurait plus besoin de planter des arbres. Le comble est que pendant qu’ils n’entretiennent pas les arbres qu’ils ont plantés, ils coupent ceux qui ont poussé naturellement et qui, malgré les intempéries et catastrophes, ont survécu. Ainsi, au lieu d’être des acteurs de protection de la nature, ils sont des acteurs de destruction de la même nature qu’ils prétendent protéger.

Et c’est ce à quoi on assiste dans plusieurs secteurs et qui fait que nous sommes toujours en train de refaire ce que nous avons déjà fait. Il faut le dire : les Burkinabè n’inscrivent pas les actions qu’ils mènent dans le long terme. On se contente de faire du m-as-tu vu, de la propagande, pour revenir le lendemain ou les années prochaines refaire la même chose. On ne développe pas durablement un pays par des actions d’éclats. Comment doit-on expliquer par exemple que des bâtiments réalisés par nos parents ou des ancêtres pendant des périodes lointaines soient toujours solides, sinon plus solides que ceux que nous construisons actuellement ? De vieux ponts construits depuis des années sont toujours praticables alors que ceux que nous réalisons sont pour la plupart emportés par les premières eaux de pluie. Et honteusement, on s’amuse à dire que le vrai contrôleur de nos travaux, c’est la nature. Que du ridicule !

Dabaoué Audrianne KANI