Rien, absolument rien au monde ne peut et ne doit altérer durablement les relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Même pas la mort, alors qu’il était en détention en Côte d’Ivoire, d’Alain Christophe Traoré dit « Alino Faso ». Tellement les peuples, nous disons bien les peuples, des deux pays ont des choses, et beaucoup de choses en commun qu’ils partagent. C’est pourquoi, une fois de plus, les dirigeants des deux pays doivent à chaque moment, mettre de côté leurs égos et privilégier les relations entre les Burkinabè et les Ivoiriens. Les dirigeants passent, mais les deux pays et leurs peuples demeurent. A ce titre, chaque dirigeant à l’obligation de faire en sorte qu’on garde de lui le meilleur souvenir en Côte d’Ivoire comme au Burkina Faso. Les peuples imitent leurs dirigeants.
« Alino Faso » est mort. Il est défensivement parti avec ce qu’il savait et pouvait dire pour sa défense. Même si l’on peut dire que ce n’est pas pour autant qu’on n’en saura rien dans cette affaire parce qu’il n’est pas le seul accusé, les gouvernements des deux pays ont tout intérêt à calmer le jeu. D’abord en jouant franc-jeu. Ce qui veut dire qu’il faut davantage expliciter les circonstances de la détention et de mort d’Alino Faso. Ce qui non seulement rassurera les autorités burkinabè, mais aussi les Burkinabè dans leur ensemble. Aussi, créer une commission d’enquête sur les circonstances de la mort d’Alino Faso et à laquelle participeront des experts burkinabè permettra au gouvernement ivoirien de laver l’accusation « d’assassinat » dont on le présume du côté burkinabè.
Ensuite, les autorités burkinabè doivent éviter au maximum de jouer dans l’émotion. C’est à elles de faire confiance aux autorités ivoiriennes pour que toute la vérité soit dite sur la mort d’Alino Faso, si toutefois celle qui a été dite ne l’est pas assez. C’est aussi à elle qu’il revient de rassurer les Burkinabè. Ce qui permettra également de calmer l’opinion nationale, tant au Burkina Faso que du côté de la Côte d’Ivoire.
On ne cessera de le dire : la Côte d’Ivoire et le Burkina sont tellement liés par l’histoire, la géographie, la culture, l’économie et on en oublie si bien que toute relation tumultueuse peut avoir des conséquences néfastes sur la vie au quotidien des populations des deux pays. Tout ce qui touche à la Côte d’Ivoire touche le Burkina Faso, et vice-versa. Si la Côte d’Ivoire est en paix, le Burkina Faso sera en paix. Le contraire n’est pas moins vrai.
A qui profite la mort d’Alino Faso ? Ni à la Côte d’Ivoire qui voudrait ainsi avoir les preuves que le Burkina Faso veut la déstabiliser. Ni au Burkina Faso qui voulait de son procès pour se laver de tout soupçon de déstabilisation de la Côte d’Ivoire. Encore moins aux deux peuples qui ont perdu un ami, un homme bien qui avait inscrit son action dans le social et l’humanitaire. La Côte d’Ivoire a perdu ; le Burkina Faso aussi.
Dabaoué Audrianne KANI
