Autant le dire… : Si c’est cela la vision, on n’a pas besoin de Wagner

Si au Mali on a pris le soin de dénoncer, preuves à l’appui les agissements de l’ambassadeur de France, les propos d’Emmanuel Macron à l’endroit du président Assimi Goïta, les agissements de la force Barkhane (même si la France conteste) qui tendaient à favoriser les groupes armés terroristes et à restreindre la force de frappe des Forces armées maliennes (FAMA) à lutter efficacement contre ces terroristes, au Burkina Faso on se contente tout simplement de demander le départ de l’ambassadeur Luc Hallade, de dénoncer l’accord de partenariat militaire entre le Burkina et la France. Sans donner plus d’explications.

Le fait de dire que ce sont les Burkinabè qui seront en première ligne pour la lutte contre le terrorisme et la refondation de la nation n’est pas un fait nouveau. Tous les régimes qui se sont succédés l’ont toujours signifié. Le seul problème du Burkina Faso, c’est le manque de moyens matériels pour lequel, il a besoin de partenaires fiables.

La question qui se pose est de savoir si ceux qui ont signé ces accords en 2015, sous la transition, n’étaient pas suffisamment outillés pour défendre les intérêts du Burkina Faso ? Ou était-ce la gâchette sur la tempe qu’ils les avaient signés ? Si l’on décide de les dénoncer, qu’on explique clairement, preuve à l’appui, aux Burkinabè pourquoi on n’en veut plus ! Si c’est pour les renégocier, qu’on l’explique aussi, clairement, afin qu’on sache enfin les nouveaux termes qui y seront contenus !

Ce qui se passe bien à Bamako peut ne pas bien se passer à Ouagadougou. L’unité du peuple malien face à ses grandes préoccupations autour de son armée est perceptible. Par contre, au Burkina Faso, les divergences sont telles qu’on a l’habitude de dire que les Burkinabè ne s’entendent que sur leurs divergences. En outre, les Maliens ont une longue tradition de coopération avec l’Union des républiques soviétiques socialistes (devenue la Fédération de Russie). La plupart des cadres maliens, qu’ils soient dans l’armée ou dans la haute administration a été formée à Moscou. Contrairement au Burkina Faso où la France a longtemps été la destination première pour la formation de nos cadres.

En effet, ce qu’il faut certainement saluer dans cette affaire, c’est le rapprochement entre les pays de la sous-région. Car, aucun d’eux pris isolement ne peut trouver des solutions durables à ces problèmes. Il est alors urgent et très important de développer les initiatives au sein des organisations communautaires afin que l’ensemble des peuples de l’espace ait une harmonie de vue sur les politiques publiques de développement. C’est le cas actuellement des défis sécuritaires qui menacent désormais tous les pays de la sous-région.

Ce qui est sûr, autant le Burkina Faso veut sauvegarder ses intérêts autant la France veut en faire de même. Il semble alors que c’est dans le respect mutuel que tout cela peut se négocier, de part et d’autre. Sans trop de tapages et de fanfaronnades.

Dabaoué Audrianne KANI