Petit à petit, l’armature de gouvernance du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), version 2, est en train de se mettre en place. Après la nomination du Premier ministre, on commence à percevoir clairement les intentions réelles des nouvelles autorités quant à leur manière de vouloir gouverner.
En nommant un Premier ministre de couleur purement Thomas Sankara, le Capitaine Ibrahim Traoré (même s’il n’a pas connu Thomas Sankara) veut faire du Thomas Sankara sans Thomas Sankara. Cela n’est pas non plus surprenant quand on sait qu’au lendemain de sa désignation par les forces vives comme président de la transition, il était allé prendre le flambeau du combat de Thomas Sankara à l’occasion du 35e anniversaire de l’assassinat de celui-ci.
On se rappelle encore que ce jour-là, Pierre Ouédraogo, président du Comité international du mémorial Thomas Sankara, disait à qui voulait l’entendre que la remise de ce flambeau consistait à transmettre à la nouvelle génération la flamme de l’idéal Thomas Sankara afin que celle-ci puisse poursuivre le combat que Thomas Sankara a mené (mais inachevé) pour la souveraineté et le développement de son pays.
Appolinaire Joachim Kyelem de Tambela, avocat et âgé de 64 ans, quand on parcourt son cursus est un Sankariste pur-sang qui crie autrement son Sankarisme. Il a cru au projet de Thomas Sankara sans vouloir militer dans un parti politique, car convaincu que ce n’est certainement pas la bonne manière de mettre en œuvre ce que le père de la révolution burkinabé voulait pour son peuple.
Même si on ne peut pas dire qu’il a attendu son temps, sa nomination au poste de Premier ministre (quoique surprenante et non étonnante), n’est pas un fait du hasard. Que ce soit dans les émissions qu’il anime dans plusieurs médias ou dans des interviews, il a toujours prôné le changement tout en indiquant que cela doit se faire dans une compréhension parfaite des préoccupations de l’ensemble des Burkinabè et dans le meilleur contexte.
Sans être dans le secret des Dieux, on peut tout de suite imaginer que le nouveau Premier ministre va aller aussi vite que son président l’a indiqué dès sa prise du pouvoir. Car, les attentes des Burkinabè étant connues, il n’y a donc pas de temps à perdre. Si la reconquête de l’intégrité du territoire national est la première priorité, il ne faut du tout perdre de vue que la situation actuelle du Burkina Faso est consécutive à une mauvaise gouvernance datant de plusieurs dizaines d’années en arrière.
Aussi, la refondation de l’administration, pour ne pas dire du Burkinabè pour en faire un Burkinabé nouveau doit aussi être au centre des priorités. Mais cela passe nécessairement par le bon exemple qu’il faut donner d’en-haut et dès le départ. Sans verser dans un quelconque populisme. Comment canaliser toute cette ferveur de cette jeunesse qui veut le changement sans savoir où le trouver et avec qui le faire, ce sera le véritable défi à relever par les nouvelles autorités. Pour le reste, elles peuvent compter sur les Burkinabè.
Dabaoué Audrianne KANI