Les Talibans ont repris le pouvoir en Afghanistan quelque une dizaine de jours après que les Etats-Unis se sont retirés du pays. Comme s’ils n’en pouvaient plus d’une guerre qu’ils étaient conscients de ne pas remporter, les Etats-Unis en quittant l’Afghanistan et en soutenant comme prétexte que l’armée afghane était en mesure de se défendre, ouvrait ainsi grande la porte du retour et du pouvoir aux Talibans.
Qui n’ont pas attendu longtemps pour s’en emparer. Après plus d’une vingtaine d’années de présence et de combat, des milliards de dollars investis et des pertes en vies humaines, on est retourné à la case départ en Afghanistan. Tout cela pour rien, puisque tout ce long temps n’a rien changé à la situation. Au contraire !
On pourrait dire que sur la question afghane, les Etats-Unis ont été très lucides et bien inspirés. Car on ne mène pas aussi longtemps une guerre qu’on est conscient de ne pas remporter. L’exemple de la Somalie est là pour le démontrer. L’intervention américaine en Somalie en 1992 a été une véritable erreur car la plus grande puissance au monde n’y a jamais pu faire revenir la paix.
Au contraire, elle y a lamentablement échoué. Jusqu’à aujourd’hui, la Somalie n’est pas ni complètement pacifiée ni démocratiquement stabilisée. Aussi, en remettant aux Talibans ce qu’ils pensaient pouvoir empêcher depuis une vingtaine d’années, cet exemple des Etats-Unis pouvaient bien inspirer certaines puissances qui interviennent ou qui s’interposent en ce moment dans des opérations de pacification au monde. Autrement, ce n’est pas cela que la France a anticipé au Sahel, notamment au Mali en retirant progressivement ses soldats, elle pourrait bien s’en inspirer. A l’évidence la France, y compris les autres pays qui interviennent, ne veut pas perdre la face au Sahel.
C’est ce qui explique cela. D’ailleurs, elle a toujours indiqué qu’il appartient aux pays concernés par les attaques terroristes de faire face au phénomène. Ainsi, seront-ils toujours en première ligne de la lutte. La France et les autres forces sont présentes pour appuyer.
Compris ainsi, la France se donne les moyens de jouer au second rôle. Ce qui lui permet aujourd’hui de réduire ses effectifs militaires dans la zone. Aidée en cela par un certain sentiment anti-français nourri par des anti-impérialistes qui estiment que la France constitue plutôt le problème de leurs pays.
La situation que vit aujourd’hui l’Afghanistan, avec la prise du pouvoir par les Talibans, met les pays du Sahel et leurs peuples devant leurs responsabilités. Quand on se rappelle qu’il y a quelques jours Iyad Ag Ghali s’est réjoui de l’expansion du combat djihadiste au Sahel, on déduit que la guerre est à gagner à tout prix.
Quel que soit le temps que cela prendra. Car la perdre signifie que nos pays ont disparu tels qu’ils sont actuellement. Cela signifie également que nos peuples ont disparu car désormais, ce sera sous des valeurs autres que les nôtres que nous vivrons. Ce qui est inadmissible.
Dabaoué Audrianne KANI