« Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré a quitté Ouagadougou ce matin pour Paris, où il prendra part à un Sommet sur le financement des économies africaines, ce mardi 18 mai. Avec le président français, Emmanuel Macron, le chef de l’Etat et ses pairs d’Afrique Subsaharienne vont échanger sur des mesures visant à soulager les pays touchés économiquement par les effets de la pandémie du Covid-19 et sur de nouvelles sources de financement.
Les réflexions porteront également sur le traitement de la dette par de nouvelles stratégies qui pourraient être soutenues par des réformes allant dans le sens de renforcer le secteur privé africain et promouvoir de nouveaux investissements ». C’est selon un communiqué de la Direction de la communication de la présidence du Faso, les raisons qui emmènent Roch Marc Christian Kaboré et d’autres chefs d’État africains en France. Alors qu’avec le président français, le traditionnel sommet France-Afrique n’a pas pu être tenu pour cause de Covid-19, il fallait trouver autre chose. Au moins pour se réunir et affirmer la grandeur de la France sur le plan international.
En outre, comme d’habitude c’est en France qu’il sera décidé du sort des économies africaines et partant de celui des populations africaines. Loin d’eux, de leur environnement et de leur vécu quotidien. Faut-il alors s’étonner que les décisions qui y seront prises ne correspondent pas aux préoccupations des peuples africains ? Ce qui est sûr, la France tout comme n’importe quelle autre puissance ne financera pas gratuitement les économies africaines. Aucun investisseur ne viendra investir dans nos pays parce qu’il est suffisamment philanthrope.
En effet, s’il est admis que l’Afrique regorge d’importantes ressources du sous-sol, il doit être également admis que l’Afrique peut et doit financer ses économies et son développement. Autrement, l’Afrique n’a pas besoin d’investissements étrangers pour se développer. Elle a tout cette Afrique, y compris les ressources humaines très qualifiées, la main-d’œuvre et enfin la terre. Malheureusement, elle souffre d’une sécheresse intellectuelle criarde et de courage politique de ses dirigeants pour se développer dans plusieurs domaines ; pour ne pas dire dans tous les domaines.
Il est donc temps qu’on se réveille en Afrique. Il y a des investisseurs en Afrique. Il y a l’argent en Afrique. Il y a les idées en Afrique. Qui, mieux que nous, peut mieux décider de notre développement et de notre bien-être ? Nos chefs d’État doivent apprendre à discuter d’égal à égal avec tous les chefs d’État, qui qu’ils soient. Nos pays sont autant souverains que les leurs. Autant ils décident pour leurs peuples, autant nos chefs d’État doivent décider pour les leurs.
Ce n’est donc pas en allant se prosterner devant un chef d’État, fut-il d’une grande puissance, qu’on trouvera les solutions à nos problèmes. D’ailleurs, ces soi-disant puissances connaissent mal nos problèmes. Leurs peuples ont autant de préoccupations que nous. Que devrions-nous attendre deux ? Rien, absolument rien. A Paris comme d’habitude, des promesses seront faites. Des engagements seront pris. Mais les économies africaines ne décolleront jamais tant que les Africains ne comprendront pas qu’ils sont les seuls à assurer leur développement.
Dabaoué Audrianne KANI