Bintou Lengani, promotrice de la boutique « Lenga Market » :« Ensemble, nous pouvons bâtir un Burkina Faso fier de ses richesses culturelles »

Bintou Lengani est étudiante en 3ème année de droit des affaires. Également, entrepreneure, elle évolue dans le domaine de la confection et de la vente de tissus Kôkô Dunda et la promotion de produits locaux. Elle est créatrice de la marque « May’ La » et promotrice de la boutique « Lenga Market ». Zoom sur cette passionnée de produits locaux !

Comment se porte le secteur du Kôkô Dunda au Burkina selon vous ?
Le secteur du Kôkô Dunda connaît un regain d’intérêt grâce à la valorisation des produits locaux. Cependant, il fait face à des défis comme l’importation de la matière première qui ne favorise pas le coût de ces derniers sur le marché. Nos autorités doivent investir dans le domaine du textile, pour que les tissus utilisés dans la confection du Koko Dunda puisse être produit ici au Burkina Faso, car on a les potentiels qui sont le coton et la main d’œuvre.

Comment vous sentez-vous dans la commercialisation du Kôkô Dunda ?
Mon activité se déroule assez bien. Je propose des tissus de qualité, associés à des accessoires (tenues prêtes à porter de tendance pour hommes, femmes et enfants). Bien que le marché soit compétitif, je travaille à me différencier par des designs uniques et des services personnalisés.

Comment êtes-vous arrivée dans ce domaine ?
J’ai découvert le Kôkô Dunda en voulant gagner mon propre argent, subvenir à mes besoins et supporter le coût des études. Je trouve que c’est un secteur porteur, surtout pour ceux qui savent innover et répondre aux attentes des clients.

Vous confectionnez vous-mêmes les tissus Kôkô Dunda ?
Oui, mais souvent par manque de moyens, je collabore avec des artisans spécialisés dans la teinture et le design. En ce moment, je sélectionne les motifs et les couleurs.

Comment se fait l’écoulement de vos marchandises ?
Actuellement, j’utilise beaucoup les réseaux sociaux pour écouler mes marchandises. J’ai des comptes et pages sur ces plateformes (Facebook, Tiktok, Instagram) sous le Nom de « Lenga Market ». Cela me permet de toucher une large clientèle. Je participe aussi à des expositions, des foires. J’ai également des clients réguliers qui achètent en gros. Certes, j’ai un petit local où j’écoule mes produits, mais je suis en train de vouloir l’agrandir. C’est situé dans un quartier accessible à Bobo Dioulasso, Belleville.

Parlez-nous de Lenga Market.
Lenga Market a été lancé en 2020. Nous sommes spécialisés dans la confection et la vente de tissus Kôkô Dunda. On fait également la confection de tenues, de chaussures, de sacs de course, de produits cosmétiques et bien d’autres produits locaux. Pour l’instant, je travaille avec une petite équipe dans un atelier au quartier Belleville de Bobo-Dioulasso.

Des difficultés ? Comment faites-vous pour les surmonter ?
Les difficultés résident plus à la variation des prix des matières premières et la concurrence, le manque de moyens nécessaires pour satisfaire la clientèle. J’ai du mal à faire de bons stocks, j’ai de bonnes demandes mais je suis obligée de les satisfaire sur commande. Ce qui ne favorise pas trop, car certains clients veulent le produit déjà prêt. J’essaie d’y remédier avec la particularité de mes marchandises et l’amélioration de la communication autour de mes produits. Je tisse également des collaborations stratégiques.

Êtes-vous satisfaite du chemin que vous avez parcouru ?
Dans l’ensemble, oui, je suis satisfaite du progrès accompli. Je suis dans l’entrepreneuriat notamment dans le domaine du Koko Dunda depuis 5 ans, avec une croissance progressive de mon activité. Aujourd’hui, j’ai ma marque de vêtements « May’ La » que j’essaie de valoriser. Mais je reste consciente qu’il y a encore beaucoup à faire pour atteindre mes objectifs à long terme. May’ La est composé du prénom de ma maman (Maymounata) et celui de mon papa (Lassina). L’objectif avec cette marque, c’est d’adapter nos tissus locaux (Koko Dunda, Faso Danfani) à tous les styles vestimentaires, à travers une bonne couture.

Quel est votre regard sur l’entrepreneuriat féminin au Burkina ?
L’entrepreneuriat féminin est en plein essor, mais il manque encore de soutien, notamment en termes de financement et d’accompagnement des femmes. On a beaucoup de potentiel et on mérite davantage de reconnaissance.

En tant que devancière, quels sont les conseils que vous avez à prodiguer à la nouvelle génération ?
Je conseillerai à la nouvelle génération de croire en ses rêves, d’être persévérante, et de ne pas hésiter à se former en continu pour acquérir de nouvelles compétences.
Aïcha TRAORE