Blaise Compaoré, l’autre «thème» de la campagne

Depuis Abidjan où il séjourne depuis son départ du pouvoir en 2014, Blaise Compaoré est présent dans la campagne électorale qui se déroule en ce moment dans son pays. Même si l’ancien président du Faso donne l’impression de ne pas être intéressé par cette campagne, son retour au pays est au centre des sorties médiatiques des candidats. C’est d’abord Roch Marc Christian Kaboré, candidat à sa propre succession qui a donné le ton au cours d’un entretien pré-électoral accordé à RFI et  France24 dans lequel il a clairement indiqué que s’il venait à être réélu, il mettra tout en œuvre pour le retour de Blaise Compaoré après la réconciliation qu’il organisera dans le courant du premier semestre de 2021. Puis, à Ziniaré, dans le village de Blaise Compaoré, il affirme au cours d’un meeting que Blaise Compaoré doit revenir dans son pays. Et qu’ayant dirigé le pays pendant 27 ans, son statut d’ancien chef de l’Etat recommande un certain nombre de mesures qu’il prendra afin de lui assurer un retour digne de son rang.

Eddie Komboïgo, le candidat du parti de Blaise Compaoré n’a jamais cessé de clamer que s’il est élu président le 22 novembre, il fera du retour de Blaise Compaoré une priorité. Car, il est convaincu que seul ce retour (et celui des autres exilés) peut contribuer à la réconciliation et à la sécurité et à la paix d’une manière générale. Zéphirin Diabré, lui est prêt à attraper la main tendue de Blaise Compaoré. Une main que Roch Marc Christian Kaboré, sans le dire ouvertement, avait refusée lorsque l’ancien président s’était montré disposé à apporter son soutien à son pays dans la lutte contre le terrorisme. Mieux, Zéphirin Diabré est prêt à constituer un gouvernement de réconciliation avec toutes les forces vives (y compris le parti actuellement au pouvoir parce qu’il l’aura battu) afin de sortir le Burkina de la situation dans laquelle il se trouve en ce moment. Gilbert Noël Ouédraogo, Ablassé Ouédraogo, Yéli Monique Kam, Yacouba Isaac Zida ne disent pas autre chose.

A voir donc de près, les candidats à la présidence du Faso sont unanimes que leur pays a besoin d’être réconcilié avec lui-même. Pour cela, ils admettent que tous ceux qui sont en dehors du pays pour des raisons notamment politiques, doivent rentrer. Le Burkina Faso ayant besoin de l’ensemble de ses fils et filles pour se construire. Que c’est beau, comme litanie ! Pourvu que les uns et les autres soient véritablement sincères.

En effet, aucun pays au monde ne peut se construire durablement dans la division permanente. Surtout sur des questions purement politiciennes. Six ans après l’insurrection populaire, il est temps de panser véritablement les plaies et de permettre aux Burkinabé de regarder dans la même direction. C’est dans cette dynamique que semblent s’inscrire l’ensemble des candidats. Reste que les élections se passent bien et qu’enfin, on célèbre la réconciliation et les grandes retrouvailles.

Dabaoué Audrianne KANI