C’est l’heure des tractations au Mali pour mettre en place les organes de la transition. Les chefs d’Etats de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) eux, ont déjà tranché. La transition doit être conduite par un président, un Premier ministre et des membres du gouvernement issus du milieu civil. Pour maintenir la presse sur la junte, les sanctions économiques et politiques prises contre le Mali restent en l’état. Jusqu’à ce que… Ces mesures de la CEDEAO, semblent-ils, sont inscrites dans la charte de la démocratie de l’organisation. C’est donc la bible de la CEDEAO.
Mais à l’analyse, on peut affirmer que l’organisation ouest-africaine se trompe énormément d’époque. A moins qu’elle ait prise ces décisions, juste, pour se conformer à l’existant. Même dans ce cas, on peut dire qu’elle est en erreur. Dire qu’aucun militaire ne doit figurer parmi les hommes devant conduire la transition au Mali, c’est commettre la grosse bêtise de reconstituer le puzzle qui conduit à chaque fois aux coups d’Etat. Tout simplement parce qu’au Mali, le vrai problème, ce sont les civils qui ne s’accordent jamais sur la conduite de la démocratie et, par la mauvaise gouvernance des affaires publiques, poussent les Maliens dans la rue et les militaires à faire des coups d’Etats.
Aussi, affirmer tout de go, « tout sauf des militaires au pouvoir », c’est exclure des acteurs majeurs dans la résolution de la crise au Mali. C’est encore une grosse erreur de soutenir que l’armée n’est bien que dans les casernes. Autrement, c’est croire que son rôle est seulement de sécuriser le territoire et de protéger les civils qui, eux seuls, ont droit au pouvoir et à ces délices. Alors qu’avec la rigueur qu’on lui connait, l’armée peut constituer un véritable rempart pour juguler assez durablement les crises politiques au Mali. En procédant, comme de nombreux Maliens et des observateurs le préconisent à une véritable refondation des institutions politiques au Mali. Aussi, le délai d’un an prescrit dans les instruments de la CEDEAO semble insuffisant pour remettre sérieusement et durablement le navire malien sur les rails. Les fissures et les dysfonctionnements politiques sont tels qu’il est souhaitable de se donner le temps qu’il faut pour bien faire afin de ne pas retomber dans les mêmes tares.
Du reste, les Maliens sont les seuls, bien indiqués, à savoir ce dont souffre effectivement leur pays et les remèdes appropriés qu’il faut lui administrer. Leur imposer des solutions, c’est résoudre la crise à moitié ou pas du tout.
Dans tous les cas, les Maliens sont si engagés à remettre leur pays sur le bon chemin pourraient ne pas accueillir favorablement les conclusions du sommet de la CEDEAO qui, visiblement, ne sont pas de nature à résoudre définitivement la crise. Car au Mali, la rupture semble assez profonde entre la classe politique (à qui la CEDEAO demande de remettre le pouvoir) et les populations. Si bien que l’armée a le vent en poupe. What’s the question !
Dabaoué Audrianne KANI