A l’origine ce sont des structures, à savoir un parti politique et des mouvements associatifs, qui ont uni leurs forces pour porter sur les fonts baptismaux, le Mouvement Agir Ensemble pour le Burkina Faso dirigé par Boubacar Diallo. Le parti depuis son siège dans le quartier de Kalgondhin à Ouagadougou, déploie ses ailes pour être au rendez-vous de l’histoire du Burkina Faso lors des élections présidentielle et législatives de novembre 2020. C’est dans ce contexte particulier que nous sommes allés échanger avec cet ingénieur de formation, ancien militant de l’ODPMT, ensuite du CDP dont il sera membre du Haut conseil. Avec le président de Agir ensemble pour le Burkina Faso, nous avons fait le tour des préoccupations de son parti et de l’actualité politique nationale.
Dites-nous dans quel contexte le Mouvement Agir Ensemble pour le Burkina Faso a vu le jour ? Précisez ses objectifs de départ ?
Le mouvement Agir ensemble pour le Burkina Faso a été créé dans un contexte bien particulier au niveau national. Ce contexte était caractérisé par une crise sécuritaire aiguë marquée par des conflits intercommunautaires et des agressions terroristes dans de nombreuses zones du territoire national. Le deuxième aspect c’était la fronde sociale dont un des aspects était les luttes multiformes des travailleurs pour de meilleures conditions de vie et de travail. Le troisième aspect, était le constat très perceptible dans l’opinion publique nationale d’une volonté de changement pour une gouvernance nouvelle basée sur un mieux vivre ensemble. Donc, c’est dans ce contexte de défis sécuritaires, de grogne sociale et d’aspirationau changement qualitatif que le mouvement Agir ensemble pour le Burkina Faso a été créé.
Notre objectif principal est de relever ces défis et de répondre aux aspirations de notre peuple. Cela passe par la victoire aux élections de novembre prochain pour lesquelles nous nous investissons ardemment et nourrissons de grands espoirs.
La création de votre parti n’a donc rien à voir avec le fait que votre candidat actuel, Kadré Désiré Ouédraogo ait décidé de briguer la magistrature suprême ?
C’est tout à fait le contraire ! Comme je le disais tantôt notre parti est né de la fusion de deux associations et d’un parti politique. Les deux mouvements associatifs visaient chacun à inciter la candidature de Kadré Désiré Ouédraogo il s’agit de IKDO (Initiative Kadré Désiré Ouédraogo) et MKDO (Mouvement pour la candidature de Kadré Désiré Ouédraogo). Vous avez certainement souvenance que ces deux associations se sont retrouvées pour un appel en commun à Kadré Désiré Ouédraogo dans ce sens à Bobo-Dioulasso et il s’était déclaré prêt et répondra le moment venu.
Le mouvement a-t-il hérité du CDP, puisque la plupart de ses membres viennent du CDP ?
Le Mouvement Agir ensemble pour le Burkina Faso n’est pas héritier du CDP. Le CDP existe ; on n’hérite pas d’un parti qui n’est pas mort. Donc le problème ne se pose pas en termes d’héritage. C’est vrai que parmi nous certains ont été sympathisants ou militants du CDP ; mais d’autres sont venus d’autres partis politiques ou du mouvement associatif. Par ailleurs, il y en a qui n’ont jamais milité nulle part.
Mais vous avez aussi en commun, le respect pour un homme, l’ex-président Blaise Compaoré ?
Il faut d’abord dire que nous avons un profond respect pour tous nos anciens présidents car ils ont conduit notre destin commun et se sont sacrifiés chacun autant qu’il l’a pu pour notre bien-être. Même l’actuel président, Roch Marc Christian Kaboré, a toute notre considération pour les charges qui sont les siennes. Pour ce qui est du président Compaoré notre respect est d’autant plus grand que 27 années durant il a conduit notre pays et assurément l’a amené à un niveau qui mérite beaucoup de reconnaissance. En rappel notre candidat, Kadré Désiré Ouédraogo a été son Premier ministre durant 5 ans. Moi-même, j’ai eu le privilège d’être membre d’un de ses gouvernements.
Il y’a quelques mois votre candidat Kadré Désiré Ouédraogo a déposé sa démission du CDP. Est-ce qu’on peut dire que c’est en ce moment que le cordon ombilical qui liait le CDP et votre mouvement a été rompu ?
Non il n’y a jamais eu un lien ombilical entre le CDP et le mouvement Agir ensemble pour le Burkina Faso. Notre parti est né en septembre 2019 ; la démission de Kadré Désiré Ouédraogo du CDP date de mai 2020. Donc cette démission n’est pas la cause de la création de notre parti. Par ailleurs ce n’est pas parce que des partis soutiendraient la candidature de Kadré Désiré Ouédraogo qu’ils auraient des liens ombilicaux entre eux.
Cela fait presqu’un an que le mouvement a été créé ; quelles sont les actions d’envergure posées pour faire avancer le parti ?
Les actions d’envergure pour faire avancer le parti sont de plusieurs ordres. Sur le plan organisationnel, le parti s’est attaché à s’implanter sur toute l’étendue du territoire national et à l’étranger. Sur le plan politique notre parti participe activement à l’animation de la vie politique nationale à travers de multiples actions. Il est très actif au sein du cadre de concertation du CFOP. Enfin nous sommes aux côtés de notre candidat au cours de ses sorties sur le territoire national.
Quel est le degré d’implantation du parti ?
En termes géographiques, sur l’ensemble des 45 provinces que compte le Burkina, le parti a ses sections provinciales. Actuellement nous sommes à la finalisation de la mise en place des sous-sections et des comités de base.
Après seulement une année d’existence, vous êtes en course pour la présidentielle. L’ambition n’est-elle pas trop grande pour un si jeune parti politique ?
Assurément, notre ambition est grande. Mais je puis vous dire qu’elle est à la hauteur de nos moyens qui sont avant tout humains, notamment en la personne de notre candidat Kadré Désiré Ouédraogo. Il a des qualités réelles qui en font l’homme de la situation ; ce qui explique l’engouement général autour de sa personne et les perspectives heureuses qui en découlent. Pour ce qui est de l’âge je me permets de vous citer l’adage selon lequel « aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre d’années ». Des exemples récents le montrent. Nous sommes donc prêts et entièrement engagés avec notre candidat dans cette bataille noble et exaltante avec la conviction de gagner.
Depuis le meeting de Bobo en février 2019, certains partisans disent que votre candidat va de moins en moins vers la population au point que d’autres se demandent s’il est toujours votre candidat à la présidentielle de novembre 2020. Que répondez-vous ?
Ce n’est pas une opinion réelle. Notre parti et son candidat sont très actifs sur le terrain. Nous sommes quotidiennement et dans la proximité avec les populations et les électeurs et avons même des difficultés pour caser toutes les sollicitations. Ceux qui font ce type de jugement sont ceux qui apprécient l’action politique aux spectacles qu’ils donnent. Nous, nous avons choisi de travailler avec les populations et pour elles. Il ne se passe pas un seul jour où le candidat n’a pas de rencontres à Ouagadougou ou en province ; et que notre parti n’a pas d’activités à travers le territoire national. C’est notre stratégie et je puis vous assurer que les populations nous en sont reconnaissantes par rapport aux spectacles qu’on a l’habitude de leur servir. Néanmoins nous avons, à quelques occasions, fait de la grande mobilisation pour marquer le terrain. Cela a été le cas à Dori, à Ziniaré, à Koudougou, à Boulsa, à Réo, etc.
Toute modestie mise à part, notre candidat est donc assurément au nombre des plus actifs et sollicités du pays, en témoignent d’ailleurs sa présence dans les médias. Je crois savoir que vous les journalistes ne vous intéressés qu’à ce qui intéresse le grand public.
Votre mouvement porte le nom AGIR ensemble pour le Burkina Faso, on sait qu’il y a un parti politique aussi qui porte le nom AJIR, même si à l’écrit la différence est nette mais à l’orale ça peut poser des problèmes. Que faites-vous pour que cette différence soit visible sur le terrain ?
Ce qu’il faut voir, c’est la réalité sur le terrain. Il y a des hommes et des femmes qui animent AJIR avec un J et il y a des hommes et des femmes qui animent Agir avec un G. Ensuite ce ne sont pas les mêmes entités juridiques, tout comme les logos sont totalement différents. Tout ça c’est un peu intellectuel ; sur le terrain la différence est nette et il n’y a aucune forme de confusion.
En cette période hors campagne quelles sont les grandes actions prioritaires pour votre mouvement ?
C’est de poursuivre l’implantation réelle du parti sur le terrain en mettant en place les structures de base restantes. Deuxièmement, c’est de réaliser le programme de sorties du candidat. Tout cela s’intègre dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie électorale du candidat.
Par rapport à l’élection présidentielle à venir, les gens ne sont pas du même avis vu le contexte sécuritaire et sanitaire. Certains pensent qu’on doit reporter ces élections, d’autres par contre pensent qu’il faut les maintenir. Quel est votre avis ?
Notre point de vue est simple : si le scrutin présidentiel peut se tenir le 22, il n’y a aucune raison pour que les législatives ne se tiennent pas à la même date. Il appartient au gouvernement de trouver les voies et moyens par lesquels il faut rester dans ce schéma. Le fait de ne pas pouvoir l’organiser comme prévu consacre l’échec du gouvernement dans la gestion de la question électorale ; il appartiendra à la classe politique dans une plateforme de discussions de faire adopter les mesures qui s’imposent.
Est-ce que vous participez souvent aux rencontres sur le dialogue politique ?
Quand le dialogue politique a été mise en place, le mouvement Agir ensemble pour le Burkina Faso, ne faisait pas partie du cadre de concertation du CFOP. C’est en début d’année que nous avons été affiliés à ce cadre. La délégation du CFOP au dialogue politique était déjà constituée et fournit un travail à la grande satisfaction de tous. Tous les autres membres sont pleinement associés à travers les concertations qui ont lieu chaque fois que de besoin sur les sujets débattus au dialogue politique. Donc, nous sommes pleinement associés même si nous ne participons pas directement.
Il y’a des voix qui se lèvent pour demander l’audit du fichier électoral. Quel est votre point de vue ?
L’audit du fichier électoral, s’impose à mon humble avis. On ne peut pas aller aux élections sans que nous ne sachions ce qu’il y a dedans et sans convenir de son contenu. Le problème se pose en termes de doter les différentes formations politiques qui vont à l’élection d’un document dont la fiabilité a été attestée par un œil extérieur.
Par rapport à l’actualité nationale, qu’est-ce que vous pensez de la gouvernance actuelle du MPP ?
J’ai dit que le Mouvement Agir Ensemble pour le Burkina Faso a été créé dans un contexte de crise liée à une mauvaise gestion sur les plans économique, social, politique, des droits humains, etc. Le gouvernement MPP est responsable de cette situation et s’est illustré dans son incapacité notoire à relever les défis de bonne gouvernance. C’est en raison de cela que l’opinion publique estime qu’un changement est nécessaire aujourd’hui pour la résolution des problèmes fondamentaux des populations. Le Mouvement Agir Ensemble entend incarner cette volonté et la traduire en réalité.
Pour une meilleure gouvernance qu’est-ce que le mouvement Agir ensemble propose ?
Notre gouvernance s’appuiera sur une offre politique globale qui prendra en compte tous les aspects de la vie de la nation. Elle se veut pragmatique et participative et fera de ce fait l’objet de larges échanges avec les populations. On peut d’ores et déjà retenir qu’elle sera vertueuse, tracera de nouvelles visions dans tous les secteurs de développement et s’attachera au développement du capital humain comme acteur et finalité de toutes les actions.
L’actualité est aussi marquée par la crise sécuritaire, notamment l’assassinat du maire de Pensa. Selon vous comment on doit gérer cette crise sécuritaire ?
Je m’incline vraiment devant ceux qui sont encore, une fois de plus, tombés sous les balles assassines des terroristes. C’est inacceptable que l’autorité de l’Etat ne s’exerce pas sur toute l’étendue du territoire national. Même les élus locaux, nationaux, les personnes physiques ne se sentent pas en sécurité en allant dans certaines zones. Notre pays compte près d’un million de déplacés internes du fait de cette insécurité. La résolution de cette question est une priorité absolue pour nous. Notre démarche sera participative, inclusive et attachée aux réalités locales. A notre avis il faut une saine participation des populations à l’identification des causes et aux solutions à leur apporter. Même avec les armes les plus sophistiquées aucune solution durable ne peut être trouvée sans cette participation.
Vous êtes partant pour la présidentielle mais est-ce que votre parti est aussi partant pour les législatives ?
Bien sûr, le besoin de changement ne se limite pas qu’au sommet de l’Etat, il est ressenti aussi au niveau de la base et au niveau intermédiaire, c’est-à-dire des élus locaux et des députés. Notre parti est donc totalement en phase avec cette expression des populations et est prêt à l’assumer pleinement. Pour tout scrutin l’équité et la transparence sont d’une importance particulière et nous nous attèlerons à ce que les élections à venir s’inscrivent dans cette dynamique démocratique.
Dans ces conditions, est-ce que vous envisagez des alliances avec d’autres structures politiques ?
On a deux types d’alliances : l’alliance au niveau des partis membres du CFOP dont nous sommes partie prenante et la coalition qui se construit autour de la candidature de Kadré Désiré Ouédraogo.
Vous le savez, depuis le 16 février 2019, notre candidat avait indiqué qu’il souhaiterait être candidat d’une coalition de partis politiques. Nous nous y attelons avec ardeur et je dois dire avec beaucoup de succès.
A quelques mois de l’ouverture de la campagne présidentielle, quelles sont les grandes activités que votre parti compte mener ?
L’activité principale pour nous c’est de parachever l’implantation du parti sur tout l’ensemble du territoire national au niveau de la base. Et l’autre activité est de déployer notre stratégie électorale en allant à la rencontre des électeurs sur le terrain. La troisième action c’est la mise en œuvre des accords politiques.
Propos recueillis par
Firmin OUATTARA