Roch aura-t-il les hommes qu’il faut pour son second mandat ?

Le Burkina Faso va vivre une nouvelle expérience démocratique ce 28 décembre 2020. Un nouveau président (même si c’est un ancien réélu) sera investi dans ses anciens nouvelles ou nouvelles anciennes fonctions (c’est selon). Ce sera dans la matinée. Dans l’après-midi, une nouvelle Assemblée nationale sera installée. Avec un nouveau ou avec l’actuel président comme chef du Parlement. Ce dont on est sûr, c’est que le personnel politique va être renouvelé. Partiellement car de nouvelles têtes vont entrer dans le jeu.

D’abord, Roch Marc Christian Kaboré, entamant un nouveau mandat (qui pourrait être le dernier) aura besoin d’hommes et de femmes capables d’impulser immédiatement les actions de développement dont il aura besoin pour rassurer les Burkinabé qu’ils ont fait le bon choix. Pour cela, pour paraphraser l’adage, « s’il veut regarder les yeux du mouton, il ne pourra pas manger la tête ». Autrement dit, il ne doit pas faire du paternalisme dans le choix des hommes. Que ce soit à l’Assemblée nationale, dans le nouveau gouvernement qui sera composé immédiatement (on l’espère) ou dans son entourage, il doit mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.

On ne dirige pas avec des sentiments paternalistes. Particulièrement quand il s’agit des intérêts de tout un peuple. Les Burkinabé attendent des actes concrets sur le terrain et non des justifications du genre, « parce… ».

Au cours de son premier mandat, on pouvait pardonner à Roch de n’avoir pas de personnel politique suffisamment aguerri. Cinq ans d’expérience après, on ne peut lui accorder cette excuse. Autrement, son tout premier gouvernement est très attendu. Robuste, il doit l’être. Engagé, il doit l’être. Gouvernement de combat, il doit l’être. Intègre, il doit aussi l’être. Pragmatique et prompt dans les réactions et les actions, il doit surtout l’être. Si on a permis qu’il soit du diesel en 2016, plus que de l’essence, il doit être du kérosène en 2021. Tellement les préoccupations sont nombreuses et pressantes.

Mais cela suffit-il pour faire du chamboulement ? Certainement que non car, visiblement le président du Faso n’aime pas trop l’inconnu. Il fait toujours avec ce qu’il a sous la main. Quitte à mettre la pression. Mais là aussi, à dose homéopathique. S’il y a donc une tare qui pourrait le handicaper dans la mise en œuvre de son programme politique, c’est bien celle-là.

On ne dirige pas avec des sentiments paternalistes. Particulièrement quand il s’agit des intérêts de tout un peuple. Mais si Roch veut que les Burkinabé gardent de lui une bonne image de chef d’Etat qui aura marqué son époque, c’est le moment ou jamais pour lui de sortir de cette coquille qui l’a toujours enveloppé et l’empêché d’être le charismatique président qui bouscule les habitudes et instaure de nouvelles manières de penser et de faire.

A l’Assemblée nationale, même si des partis politiques y ont envoyé n’importe qui, il ne doit pas accepter que n’importe siège au perchoir ou à côté. Si la majorité estime que l’ancienne équipe peut poursuivre les réformes dont il aura besoin, c’est à elle d’en décider. Toujours est-il que les Burkinabé attendent des actes concrets sur le terrain et non des justifications du genre, « parce… ».

Dabaoué Audrianne KANI