Le vendredi 5 mai 2023, l’Association interprofessionnelle du coton du Burkina (AICB) accompagnée de ces partenaires, a organisé une visite à Bama sur un site de recherche de l’INERA. L’objectif est de constater de visu les résultats de la recherche dans le cadre de la lutte contre les jassides en culture cotonnière.
La campagne cotonnière 2022-2023 a été marquée par l’apparition d’une nouvelle espèce de jassides au Burkina Faso, contre laquelle les traitements disponibles se sont avérés inefficaces. Ce qui a négativement impacté la production, avec des conséquences douloureuses sur l’ensemble de la filière. Face à la situation, les acteurs de la filière ne sont pas restés inactifs. Ainsi, l’INERA a été mis à contribution pour trouver un traitement avant la campagne 2023-2024.
Après des recherches documentaires, il a été découvert que cette espèce de jassides était connue en Inde et qu’il y avait des traitements efficaces. C’est dans la même dynamique que le gouvernement a pris la dérogation pour l’importation et l’utilisation de produits qui, jusque-là, n’étaient pas autorisés dans les pays membres du CILSS dont le Burkina Faso.
C’est ainsi que l’INERA a présélectionné une quarantaine de principes actifs contre la nouvelle espèce de jassides. Après des tests, trois ont été retenus. Il s’agit du GRACIA 10 EC à 300ml/ha, du FLONICAMIDE 50%WG à doser 100g/ha et du JACOBIA 350 EC à 500ml/ha. La visite du 5 mai dernier était sur le site où ces trois produits sont expérimentés. Le traitement y est fait avec des traitements à différentes doses avec à chaque fois une parcelle témoin non traitée.
Les semis ont été faits le 3 février 2023 et la levée constatée le 11 février. Le constat sur le terrain est rassurant et donne le sourire aux visiteurs dont N’Kambi Nikiébo, président de l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB) et de l’AICB. «Après cette visite, on est vraiment satisfait. Tous les producteurs ne peuvent pas être présents, mais nous qui les représentons ici, sommes satisfaits des résultats qu’on nous a présentés ici. On ne savait pas comment on allait affronter la campagne, on nous a montré que ce produit lutte efficacement contre ces jassides-là. Donc, on est confiant. On va aller dans tous les hameaux de culture où se trouvent les producteurs pour leur dire qu’effectivement, il n’y plus d’inquiétude, le produit est trouvé», se réjouit-il.
Une joie partagée par le Directeur général de la SOFITEX, Boubacar Sidiki B. Seye. Qui n’a pas manqué de «saluer les chercheurs pour le formidable travail qui a été effectué. La campagne dernière, notre production cotonnière a été sérieusement impactée par les jassides. Ces ravageurs ont pratiquement décimé les cotonniers. C’est avec de fortes inquiétudes que les producteurs se préparaient à affronter cette campagne. Mais, au stade où nous sommes, nous pouvons les rassurer et leur dire que les produits que nos chercheurs ont mis à notre disposition sont très efficaces contre les jassides.
Sur le champ que nous venons de visiter, il nous a été donné de voir les différents traitements effectués avec ces produits. Et à côté, vous avez des plants qui n’ont pas été traités. On a tout de suite la démonstration nette de ce que les jassides sont capables de faire lorsqu’ils ne sont pas combattus, et ce qu’ils ne sont pas capables de faire lorsqu’on les faits disparaître grâce à ce traitement-là», fait-il observé.
Selon Dr Hamidou Traoré, Directeur de l’INERA, «nos chercheurs qui travaillent pour la protection des cultures, reçoivent des produits qu’on présente à l’INERA pour tester l’efficacité et la sélectivité. L’efficacité, c’est pour voir si le produit marche par rapport aux bio-agresseurs, tout ce qui est vivant et s’attaque aux cultures. Ensuite, ils vont tester la sélectivité. Le produit peut être efficace, mais est-ce qu’il protège la culture, est-ce qu’il protège d’autres qui sont dans le système de culture.
Nous avons testé certains produits vis-à-vis des insectes ravageurs de coton. Il y a des insectes qui sont au Burkina depuis longtemps et la campagne passée, il est apparu d’autres insectes qu’on ne voyait pas d’habitude. Les produits qu’on utilisait étaient inefficaces contres ces nouveaux insectes. D’où les recherches dont vous avez ce matin pu constater les résultats».
Après la visite, les acteurs se sont retrouvés à Bobo-Dioulasso pour des échanges. Des échanges qui ont porté principalement sur la disponibilité des produits, leur mise à disposition des producteurs à temps, la formation des producteurs sur l’utilisation des nouveaux produits, leurs coûts. Les représentants des sociétés cotonnières, du ministères et chercheurs ont rassuré tout le monde, notamment les producteurs. Ils ont insisté sur le fait que les semences mises à disposition ont été traitées. Il faut donc éviter le pralinage et le mouillage de ces semences, au risque de les rendre vulnérables aux ravageurs.
Aly KONATE