Ce qu’on attend des politiciens guinéens

La Guinée de l’actuel président Alpha Condé ouvre la saison électorale en Afrique de l’Ouest. Le premier tour du scrutin pour l’élection du prochain président a eu lieu ce dimanche sous la crainte de violences dans un pays qui en a souvent connues en pareille occasion. La campagne a été émaillée d’incidents divers et de violences entre partisans du chef de l’Etat sortant et son challenger pour la troisième fois, l’opposant et candidat Cellou Dallein Diallo. La Guinée est coutumière comme d’autres pays de la sous-région de ces violentes politiques liées aux périodes de vote. Avec plus de danger lié à un certain nombre antagonismes interethniques dans un pays aux potentiels énormes mais économiquement inexploitées depuis l’époque du bouillonnant Sékou Touré. La Guinée est naturellement riche, mais cela ne s’est pas encore traduit à hauteur souhaitée en termes de richesses socioéconomiques pour les Guinéens. La campagne électorale en vue du scrutin qui a eu lieu le 18 octobre dernier, a consisté en partie en promesses faites en ce sens par le président-candidat suivies de réfutation de ces ‘’mensonges’’ par le camp opposé. Le président sortant Alpha Condé, 82 ans, est dans la catégorie des  »forceurs » de constitution refaite pour deux mandats sans empêcher un troisième au président en exercice. Ce qui en ajoute à l’argument des mécontents qui ne souhaitent pas le voir réélu. D’où la crainte de sérieuses manifestations pouvant conduire à des pertes en vie humaines en cas de résultats jugés frauduleux.

Quoique dans la journée de ce dimanche, aucun incident majeur n’ait été signalé en ce sens, il reste à craindre que des troubles ne surviennent à la proclamation des résultats suite à ce premier tour, voire après, le cas échéant. Car ne voilà-t-il pas que l’opposant historique qui attend son tour de s’asseoir sur le fauteuil présidentiel, clame déjà être le vainqueur avant même la fin du dépouillement et la proclamation officielle de tous les résultats du vote. Cela ne relève-t-il pas aussi d’un certain amateurisme démocratique ?

Le président Condé qui entend inscrire une avancée démocratique à son compte dans le pays, semble aussi déterminé à rester au pouvoir…par la voie des urnes. Lui et ses partisans qui sont eux aussi convaincus de remporter la présidentielle n’hésiteront pas à bander du muscle si Condé était proclamé vainqueur de l’élection. Et que l’opposition mettait dans la rue ses militants. Eux qui avaient commencé à fêter leur victoire supposée. Toute chose que le ministère en charge de l’administration territoriale a démentie par un communiqué.

L’Afrique a besoin de se montrer mûre en démocratie et les élections en sont une belle occasion. On attend de voir comment la sagesse dans la justice des résultats, nous évitera en Guinée d’inutiles échauffourées mortelles. Voilà la leçon de démocratie que nous attendons des politiciens et du peuple de guinéens.

Sibiri SANOU