Chronique/Sécurité : Et pourtant, on peut bien gagner la guerre contre les terroristes

On peut facilement gagner la guerre contre l’hydre terrorisme si tout le monde prend ses responsabilités. Pendant que le Forces de défense et de sécurité sont sur le front et se battent avec les armes, si les populations chacun à son niveau joue convenablement sa part de rôle, la guerre est gagnée. En plus de la collaboration indispensable avec les Forces de défense et de sécurité dans le domaine du renseignement, il y a d’autres grands rôles que les populations doivent jouer.

Si les terroristes survivent dans le désert, c’est qu’ils sont alimentés. Qui les alimentent en produits d’alimentation ? N’est-ce pas des personnes parmi nous qui les fournissent de quoi subvenir à leurs besoins alimentaires ? On dira qu’ils extorquent, retirent ou volent les bétails, vident les greniers et les boutiques. Mais, n’y a-t-il pas des mesures qu’on peut prendre pour éviter une telle situation ? Au cas contraire, c’est nous qui leur fournissons ce dont ils ont besoin pour survivre et revenir nous attaquer.

Les terroristes se déplacent à moto ou en véhicule. Qui leur fournit le carburant et les lubrifiants indispensables pour rouler à moto ? C’est encore parmi nous, qu’il y a des personnes qui vivent de cette contrebande. Sur les sites aurifères, les terroristes ont instauré une sorte d’impôt qu’ils prélèvent sur les revenus des orpailleurs. C’est encore nous qui, par compromissions, leur fournissons les revenus dont ils peuvent se servir pour acheter des armes ou s’approvisionner en d’autres besoins.

Au Sahel, on ne fabrique pas des armes. Mais les terroristes ont des armes parfois plus sophistiquées que celles de nos Forces de défense et de sécurité. Qui les leur fournit ? Par où passent-elles pour leur parvenir ? Même les engins sur lesquels ils se déplacent pour venir nous attaquer et nous tuer, qui les leur vend ? C’est encore nous. Puisque dans les zones de terrorisme on ne fabrique pas de motos, ni de pièces de rechange.

A voir donc de près, les terroristes ne sont pas seulement ceux qui nous attaquent et nous tuent. Ce sont aussi ceux qui leur fournissent ce dont ils ont besoin pour survivre et continuer d’être des terroristes.

Aussi, en plus de la lutte armée qu’il faut engager, des négociations qu’il faut également promouvoir et des actions de développement à mener dans les zones de terrorisme, il faut travailler à priver les terroristes de tout ce dont ils ont besoin pour survivre. Mais comment ? La question est d’autant plus importante que beaucoup de personnes vivent du terrorisme et ne sont pas prêtes à abandonner leurs sources de revenu.

D’où la nécessaire prise de conscience du danger qui nous guette, y compris ceux qui tirent leurs revenus du terrorisme. Car à l’analyse, un terroriste n’a pas d’ami ; il n’a que des intérêts et des raisons hors de ceux du commun des mortels. Dans une telle situation, il reviendra toujours à l’Etat de prendre les mesures qui siéent, pour la survie même de la nation.

Dénis Dafranuis SANOU