Crise malienne : L’heure n’est-elle pas assez grave ?

Les opposants du pouvoir au Mali se sont rassemblés, mardi 11 août 2020 à Bamako pour réclamer à nouveau le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta. Malgré l’appel de la communauté internationale à privilégier le dialogue.

La colère ne faiblit pas au Mali. Des milliers de personnes ont pris la place de l’indépendance en otage. Elles ont à nouveau manifesté le mardi 11 août pour réclamer le départ d’IBK, malgré les appels à trouver une issue négociée à la crise qui ébranle le pays depuis juin. Ces appels au dialogue de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la pluie n’ont pas découragé les opposants. Les leaders, qu’ils soient de la société civile, de l’opposition et du mouvement de l’imam Dicko, tous sont unis et appellent à une révolution en marche. Deux mois après le début des manifestations, le mot d’ordre reste le même : IBK doit démissionner, selon les militants. Des pancartes brandissant  stipulent «IBK dégage» et visaient le président depuis sa prise de pouvoir en 2013. Le Premier ministre Boubou Cissé, reconduit en juin dans ses fonctions, n’est pas non plus épargné. Les manifestations du mardi 11 août 2020 furent les premières contre le pouvoir depuis le 21 juillet 2020, date à laquelle l’opposition avait annoncé une trêve à l’occasion de la fête de la Tabaski.

Des troubles meurtriers : des jours plus tôt, une manifestation à l’appel de l’opposition avait dégénéré en un week-end de troubles meurtriers, les plus graves à Bamako depuis le coup d’Etat de 2012. Ces violences ont exacerbé les tensions dans ce pays meurtri par les années violences et frappé par la pandémie de covid-19.

La crise actuelle qui fait craindre que le mali s’enfonce dans le chaos a vu le jour en juin dernier. Les contestations sont menées par le M5-RFP, une coalition des chefs religieux, de responsables politiques et des membres de la société civile. Cette coalition s’est substituée en une opposition classique rendue atone par l’enlèvement en mars de Soumaïla Cissé, toujours détenu par de présumés djihadistes. Les manifestants ont réclamé, mardi sa libération, a-t-on appris par des sources maliennes locales. Alors que la crise politique perdure à Bamako, les violences se poursuivent dans le reste du pays. La situation reste très préoccupante. Les manifestants sont restés sur la  place de l’indépendance jusqu’à la nuit. Mercredi 12 août 2020, toujours sur la place de l’indépendance, les manifestants ont été gazés par les forces de l’ordre. Tous ces actes de violences laissent entrevoir sans doute le pire. Si la démission du président IBK reste la seule solution, pourquoi ne pas démissionner pour sauver l’honneur de la nation au lieu d’attendre que le pire se produire …

Serge Paulin SANOU/ Stagiaire