Pour la deuxième fois, les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se réuniront ce mercredi 26 août sur la crise malienne. Pour alléger les sanctions prises contre le Mali suite au coup d’Etat qui a emporté le président Ibrahim Boubacar Kéïta, mais également pour examiner avec lucidité le type de transition qu’il faut mettre en place. Et ce, après avoir pris connaissance du rapport de la mission de l’organisation dans ce pays.
D’urgence, il faut alléger les sanctions prises contre le Mali, notamment celles sur la fermeture des frontières. Le peuple malien n’a rien fait pour mériter ça. Si ces mesures doivent se poursuivre, elles contribueront non seulement à impacter négativement l’économie et la vie sociale des Maliens, mais également celle de toute la région ouest-africaine. La preuve en est que l’interdiction de l’exportation du bétail malien vers les pays de la sous-région a déjà des conséquences sur l’économie de certains pays. De même que la fermeture des frontières joue négativement sur la vie des communautés installées dans les zones frontalières. Si l’objectif est de faire fléchir la junte au Mali, il ne doit pas consister à affamer les populations maliennes et celles de la sous-région.
Le second point, aussi important que le premier, c’est le temps que durera la transition et le contenu qu’il faut lui donner. Une transition pour la forme, mal négociée avec un contenu bancal n’apportera rien aux aspirations des populations maliennes dont les vrais problèmes sont connus. Mal-gouvernance politique, administrative, sécuritaire, ayant engendré des conséquences dommageables sur le vécu quotidien du Malien. Autrement dit, au Mali, comme il l’aurait fallu dans d’autres pays qui ont connu ce type de crise, il faut une transition forte, qui conjugue tous les efforts de tous les acteurs afin de refondre tout ce qui peut l’être et permettre au pays de repartir sur des bases plus saines.
Sur le plan judiciaire, le Mali a besoin d’un système judiciaire en adéquation avec les nouvelles aspirations du peuple. Il leur faut une institution législative de transition qui prenne le temps de faire de grandes réformes dans ce domaine. Sur le plan économique, il en est de même car, contrairement à ce que soutiennent certaines institutions internationales, le Mali n’est pas un pays aussi pauvre qu’on le fait croire. Il faut réformer le secteur. Le Mali a mal à sa sécurité. De grandes et fortes réformes dans le domaine pourraient permettre d’envisager de nouvelles perspectives. L’administration malienne n’existe pratiquement pas. Ce qui fait dire à certains qu’il n’y a pas d’Etat au Mali. La transition doit donc donner l’occasion d’asseoir un Etat fort (ce qui sous-entend des institutions fortes).
Il semble que les Maliens sont les mieux placés pour savoir ce qu’il faut pour leur pays. Une transition de forme va reproduire très prochainement les mêmes choses. Comme c’est le cas ailleurs dans d’autres pays, pour ne pas dire au Burkina.
Dabaoué Audrianne KANI