Annulée en 2020 à cause de la Covid-19, la Semaine nationale de la culture (SNC) 2022, se déroulera du 26 mars au 2 avril. Bamassa Ouattara, Directeur général de la biennale culturelle nous a accordé un entretien sur la manifestation. L’hébergement des artistes en passant par leur cité, le budget et les innovations sont, entre autres, les thèmes qu’il a abordés.
La SNC a décidé de rembourser tous ceux qui avaient pris des stands pour exposer à l’édition de 2020 qui a été annulée. Est-ce qu’à la date d’aujourd’hui tout le monde a eu gain de cause ?
Après l’annulation de la SNC 2020 due à l’avènement du Covid-19, la Direction générale de la SNC avec la DAF (Direction de l’administration et des finances), ont décidé de passer au remboursement des quittances et des frais de stand. Pour ce remboursement, nous avons déjà lancé une première phase qui s’est effectuée courant janvier. Elle consistait à collecter les quittances et après nous avons procédé au paiement. La seconde phase de collecte des quittances s’est effectuée du 27 septembre au 1er octobre 2021. Au jour d’aujourd’hui, nous sommes en train de faire le point de ces quittances qui sont rentrées et très bientôt les paiements vont se faire. C’est pour dire qu’au terme de cette opération, tous les souscripteurs doivent pouvoir rentrer en possession de leurs frais. Mais la difficulté, c’est avec les souscripteurs qui sont loin en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Togo… Comment avoir leurs quittances ? On les a appelés, d’autres ont reçu des messages, mais comment faire parvenir les documents ? Il y en a qui nous demandent de réserver ces stands là pour la prochaine édition.
Doit-on comprendre par ce remboursement que la manifestation n’aura plus lieu ?
Le remboursement de ces frais de location de stands ne signifie pas forcément qu’il n’y aura plus de SNC. Vous savez, la SNC est chère aux autorités du ministère, au gouvernement, au chef de l’Etat, sans oublier les autorités de Bobo-Dioulasso. C’est une activité à la fois culturelle et économique qui joue pleinement sa partition en matière de cohésion sociale et de renforcement du tissu économique. Donc, annuler la SNC serait lorsque ce n’est pas du ressort de l’être humain. C’est vrai que le Coronavirus s’est invité dans la danse en 2020 et l’édition ne s’est pas tenue. Même avec les remboursements des stands que nous faisons, nous sommes en train de nous préparer pour l’édition de 2022. Nous avons commencé à élaborer les documents. Nous voulons une fête de la culture exceptionnelle en 2022.
Est-ce qu’on peut déjà connaitre la date de la prochaine édition ?
La prochaine édition est prévue du 26 mars au 02 avril 2022. Depuis 1983, la SNC n’a jamais manqué une édition. Malheureusement le Covid-19 avec toutes ses caprices nous a obligés à annuler l’édition. On a même voulu à un moment donné, organiser une SNC en format minima. Finalement, nous avons été contraints de tout annuler. Parce qu’on s’était rendu compte qu’on ne peut pas organiser une SNC en petit format.
Est-ce que vous allez revenir avec le même thème ? Y aura-t-il des compétitions pour retenir des artistes ? Comment les choses vont se passer puisqu’il s’agira finalement d’organiser deux éditions en une ?
Nous avons déjà les phases régionales qui se sont tenues en 2019 et dont le couronnement était en 2020 avec la phase finale. Comme la phase finale n’a pas eu lieu, pour nous 2019 se poursuit jusqu’en 2022. Autrement dit, les troupes et ensembles artistiques qui étaient qualifiés en 2019 vont concourir en 2022. Et comme on avait déjà sélectionné des communautés qui étaient en périls, en voie de disparition, ces communautés aussi viendront s’exprimer sur les différents plateaux. C’est pour dire que le thème va rester invariable, puisqu’il n’a pas été traité en 2020. Aussi la question du parrainage relève d’une question hautement politique. Et pour ce qui concerne le comité national d’organisation, la SNC fait des propositions de membres pouvant composer le CNO, mais il appartient aux premières autorités du ministère de prendre les décisions. Alors le dernier mot leur revient.
Si le thème demeure jusqu’en 2022, qu’en sera-t-il du budget ?
La question de budget est une question technique qui ne relève pas de la compétence de la Direction générale de la SNC. Mais ce que je peux dire, c’est qu’en 2019 et 2020 on avait déjà le budget puisque l’édition a été annulée à deux semaines de la date. Donc le budget qui était alloué on était obligé de le reversé au trésor public. Principe budgétaire impose. Mais pour la nouvelle édition dont on parle, il va falloir encore que l’Etat octroie un budget pour le financement de cette activité majeure.
La cité des artistes, parlons-en. Abdoul Karim Sango ex-ministre de la Culture a réceptionné une belle maquette de la future cité des artistes. Où en est-on pour sa réalisation ?
Quand on fait le tour des différentes éditions de la SNC de 1983 à nos jours, la question de l’hébergement des artistes s’est toujours posée avec acuité. Au début la SNC était tournante. A un moment donné, pour des questions d’infrastructures, la SNC s’est fixée en 1990 à Bobo-Dioulasso. Aujourd’hui, cette question d’hébergement revient. Pour nous c’est un devoir, un impératif. Ce qui fait qu’en 2020, nous avions entrepris des démarches pour trouver des logements décents pour les artistes. Les artistes sont le premier noyau de la SNC. Lorsque ces artistes ne sont pas bien logés, la Direction générale de la SNC, le comité national d’organisation et le ministère, ne sont vraiment pas à l’aise. C’est pourquoi en 2020, nous avions travaillé pour des conditions favorables d’hébergement pour les artistes. Je pense qu’en 2022, nous serons encore dans la même dynamique pour trouver des logements décents pour nos artistes.
Si la cité des artistes n’est pas construite, où seront logés les artistes admis à la phase finale de cette édition ?
En fait la pose de la première pierre de la cité était prévue pour 2020. Malheureusement la SNC n’a pas eu lieu ; donc nous sommes restés sur notre soif. Pour ainsi dire que la pose de cette première pierre est envisagée pour l’an 2022, au cours de l’édition 2022. Il est donc évident que les artistes ne pourront pas loger dans la cité.
L’autre aspect est que cette cité est évaluée à une vingtaine de milliards. Les conditions dans lesquelles nous vivons aujourd’hui que l’insécurité et le COVID-19 sont des paramètres dont il faut tenir compte. Du coup, il ne sera pas facile pour le gouvernement de faire face rapidement à cette question de cité. Je pense qu’il faudra attendre un peu pour qu’on puisse voir clairement cette cité des artistes.
Est- ce qu’il y aura des artistes invités venant d’autres pays ?
C’est une question cruciale. Le décret du 27 juin 1984 créant la Semaine nationale de la culture stipule que la SNC est chargée de faire certaines ouvertures, notamment d’inviter des artistes d’autres pays dans le cadre des échanges culturels. De même, la SNC peut envoyer des artistes du Burkina vers d’autres manifestations, par exemple en Côte d’Ivoire. La SNC n’est pas fermée ; elle peut toujours à travers des coopérations culturelles, inviter des artistes qui vont venir sur nos scènes au cours de l’événement. Ce sont des choses qui sont autorisées. Mais encore faut-il que ce soit dans les limites de nos finances. Parfois c’est les ressources qui posent problème. Lorsqu’on invite un artiste dont le cachet est à hauteur de millions de francs CFA, devinez comment ce n’est pas aisé pour la SNC par ces temps d’insécurité et de COVID.
En 2022 vous comptez organiser une manifestation exceptionnelle. A quoi peut-on s’attendre comme innovations majeures à cette édition ?
Lorsque vous ratez une occasion, vous avez après la chance parfois de vous rattraper. Pour ce faire, nous allons introduire beaucoup d’innovations. D’emblée la question de l’hébergement. Nos artistes ont toujours été logés dans les salles de classes. Toute chose qui n’honore pas la Direction générale de la SNC, le ministère, voire le pays. Ainsi, notre première innovation, c’est de loger les artistes dans des endroits décents.
Deuxièmement, c’est de faire participer des communautés en péril. La SNC, en principe ce sont des compétitions où on ne classe rien que les premiers qui viennent s’exprimer. Mais pour cette édition, nous voulons qu’il y ait des communautés comme les Tiéfo ou les Kurumba. C’est pour dire que ces communautés ne doivent pas rester en marge en matière de culture. Il faut inviter ces communautés afin qu’elles viennent s’exprimer, montrer ce qu’elles ont de si cher en matière de culture. L’autre innovation aussi, c’est la participation de la diaspora. Nous avons une forte communauté de Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire qui jusque-là, est restée attachée à la mère patrie en matière d’expression culturelle. Donc inviter la diaspora, c’est aussi montrer une certaine ouverture de nos expressions artistiques, c’est montrer ceux qui ne vivent pas au Burkina.
Les spectacles du GPNAL vont toujours se tenir au théâtre de l’amitié ou seront-ils délocalisés ?
Pour les éditions de la SNC, on a un Comité national d’organisation reparti en commission programmations et commission infrastructures. Ces genres de questions sont débattues au niveau de ces commissions. Le plus souvent, les programmations sont faites en fonction des disciplines ou des catégories. Bien entendu, que nous avons cinq catégories. D’ores et déjà les compétitions sont programmées à la maison de la Culture. Pour le théâtre, ce n’est pas évident qu’on ait des prestations en ce sens que ce sont des disciplines de 2019 qu’on essaie de reconduire en 2022. Comme le théâtre de l’Amitié n’était pas prévu en 2019, il ne le sera pas non plus en 2022.
Entretien réalisé
Par Souro DAO
Retranscription
Malika S. DOUGOURI et
Amidou TRAORE/ Stagiaires