Et ce sont ces jeunes qui vont diriger le pays !

76 jeunes hommes venus de la prestigieuse Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) pour une immersion au camp militaire Ouezzin Coulibaly, testés positifs à la maladie à Coronavirus se sont évadés. Pour échapper aux soins ou et à la stigmatisation. Tout en sachant qu’ils constituent des cas de contamination pour leurs familles et tous ceux qui seront en contact avec eux.

Avant eux, ce sont des jeunes gendarmes en formation, dans le même camp militaire qui avaient réussi à s’échapper pour échapper à un exercice lié à leur formation. Ramenés au camp, nombreux d’entre eux ont tout simplement été renvoyés. Mais, là n’est pas le problème car, comme l’ENAM, la gendarmerie est un corps d’élite où n’entre n’importe qui. On peut multiplier les exemples où des jeunes, qui sont l’avenir comme on le dit, se sont comportés de cette façon irresponsable. S’il faut jeter l’anathème sur ces jeunes qui pourtant vont un jour diriger le pays, il faut aussi faire une introspection afin de bien situer les responsabilités.

Au Burkina Faso, comme dans la plupart de nos pays d’Afrique, les jeunes sont pressés de devenir «grands» au sens propre comme au sens figuré du terme. Pour cela, ils pensent que le mieux c’est de brûler des étapes. Si bien que certains montrent toute leur immaturité et constituent ainsi un danger pour eux-mêmes et pour l’ensemble de la société. Comment peut-on qualifier le comportement de ces jeunes qui, se sachant malades, ont tout de même choisi d’aller contaminer d’autres personnes ? Si ce n’est de l’inconscience ou un crime, ça y ressemble. Comme les jeunes gendarmes qui ont été renvoyés, ces derniers de l’ENAM ne méritent plus de remettre les pieds dans cette grande école dont l’image a ainsi été ternie. Cependant, ils doivent être ramenés au camp pour payer de leur comportement. Quand on est jeune, et quand on veut aspirer à diriger, on accepte de faire face à ses responsabilités. Si pour une maladie qu’on peut soigner, de futurs dirigeants s’enfuient dans la nature avec la possibilité de contaminer d’autres personnes, cela est impardonnable.

Mais, à la décharge de ces jeunes hommes, il faut accepter la responsabilité collective des parents. Ce qu’ils ont fait n’est que le reflet de l’éducation et des comportements que les parents que nous sommes, leur avons inculqués. C’est de cela qu’il s’agit car depuis belle lurette, la bonne éduction des enfants, à tous les niveaux, a foutu le camp. Aussi, quand on analyse au fond tout cela, on se demande avec juste raison où va le Burkina Faso ? La question est d’autant plus importante qu’elle ne se limite pas au seul comportement de la jeunesse. Même dans le milieu des adultes, notamment dans le monde des hommes politiques et des intellectuels, on rencontre des comportements de ce genre ; s’ils ne sont pas tout simplement pires. Comme quoi, c’est la tête du poisson qui est pourrie.

Dabaoué Audrianne KANI