Fait de chez nous : De l’or contre ma virilité

C’est l’histoire d’un couple qui s’entendait tellement que le mari ne pouvait passait une bonne heure sans voire son épouse. Il en était autant pour la femme envers son mari. La maman du mari vivait avec le couple dans la même cour. Deux filles et un garçon étaient le fruit de leur union pendant une douzaine d’années de vie ensemble. Dans le village, le couple était envié par tous à cause de l’entente et l’amour qui étaient le quotidien de Soumaïla et son épouse Alimata.

Un jour, la femme demande à son mari d’attacher l’âne à la charrette pour elle, afin qu’elle parte chercher du bois mort dans leur champ qui est situé à environ cinq kilomètres du village. Soumaïla a hérité de la charrette de son défunt père avec l’âne dont le couple se sert pour faire de petits travaux rémunérateurs pour la famille. Partit pour la brousse, la femme de Soumaïla ne rentre pas jusqu’à la tombée de la nuit. Chose qui inquiète son mari qui décide d’aller à sa rencontre.

Pendant ce temps, Alimata est angoissée par son âne qui s’est détaché pour chercher du foin afin d’assouvir sa faim en pleine brousse. Le mari marche aussi longtemps et pressé jusqu’au champ où il trouve sa femme en train de chercher l’âne. Ensemble ils ne mettent pas assez de temps pour retrouver l’âne qui doit tracter la charrette déjà chargée de bois mort. Chemin faisant dans la nuit noire pour le retour, le couple aperçoit une lumière ressemblant à un reptile qui traverse la route. Tout de suite, Soumaïla se rend à l’évidence que c’est de l’or qui se déplace. Pourtant on ne peut pas le toucher en l’état, car pour stopper ce métal précieux dans sa marche, il faut uriner là-dessus avant de le prendre. Mais attention ! Cela n’est pas sans conséquence, et Soumaïla veut convaincre son épouse en ces termes. «Alimata, tu vois que nous avons eu de la chance.

C’est de l’or qui se déplace, et si nous avons pu le prendre, tout va changer dans notre vie. Donc je vais pisser sur l’or-là, il va s’arrêter et on sera très riche. Mais si je pisse sur l’or, je perds ma virilité et deviens impuissant». Chose qu’Alimata ne veut entendre de ses oreilles. En même temps, Soumaïla défait la corde de son pantalon pour pisser sur l’or qui continue de partir et une lutte s’engage entre le couple. «Si tu dois perdre ta virilité à cause de l’or, je préfère qu’on reste dans la pauvreté», propos d’Alimata épouse de Soumaïla. Malheureusement, le gabarit de la femme dépasse celui de l’homme qui est maîtrisé par madame. Le temps de finir leur lutte, l’or a disparu et l’âne était déjà loin pour continuer à la maison. Soumaïla a couru dans tous les sens mais point d’or.

Ils ont fait le reste du trajet sans s’adresser de parole. Depuis ce jour, à chaque couchée du soleil, Soumaïla prends le chemin de leur champ dans l’espoir de tomber sur la même occasion, mais toujours rien. L’entente et l’amour dans le couple ont été disloqués et dans le village tous se posaient la question de savoir la cause de se changement néfaste dans le couple autrefois envié. Ni Soumaïla, ni sa femme, personne n’ose divulguer la cause de leur mésentente. A l’analyse, on a envie de dire qu’ils ont tous raison car chacun défendait son intérêt. Le mari se justifie du fait qu’ils ont déjà trois enfants et la femme à son corps défendant dit quel avenir pour leur vivre-ensemble. Selon elle, si toutefois son mari devenait riche et impuissant sur le plan sexuel, c’est d’autres femmes qui vont bénéficier de cette richesse en soutirant l’argent de son mari. C’est pourquoi elle n’est pas prête à accepter la décision de Soumaïla. C’est pourquoi selon Edmon Thiaudière, «Avoir la sagesse ne suffit pas ; il faut pouvoir l’imposer aux autres, si l’on ne veut subir leur folie».

Siaka SANON