L’enveloppe reçue, David revient s’asseoir tout penaud. Son cœur battait à un rythme irrégulier jusqu’à ce qu’il ouvre l’enveloppe. Quand il acompris qu’elle contient une lettre et des billets de banque, il s’accroupit et fait le signe de croix de Jésus pour traduire son soulagement.
Il empoigne les billets de banque, s’adosse au manguier sous lequel le groupe est assis, et commence à parcourir les lignes écrites par la jeune fille.
« Banfora le 7 décembre 1992 : Je t’adresse ces lignes, pour t’exprimer ce que je ressens pour toi. Tout d’abord, veuilles m’excuser pour l’incident d’hier soir.
En toute sincérité, c’était mon invention pour pouvoir attirer ton attention. Excuses moi monsieur, saches que j’ai eu un coup de foudre en te voyant danser. Quand j’ai tenté d’essuyer ta poitrine après mon acte, tes poils ont allumé en moi une énergie irrésistible. J
e t’aime sincèrement. Je ne sais pas comment expliquer cet amour. D’ailleurs, me demander de l’expliquer serait me demander d’expliquer l’inexplicable. Tout ce que je te demande, c’est d’accepter mon amour. Je suis prête à respecter à la lettre toutes les conditions si tu m’acceptes. Une fois de plus, excuses-moi et bonne réception. Miss Monde ». David finit de lire la lettre et fait un rire goguenard. Il revient vers ses camarades, tend la lettre à Tiéba qui l’a vite parcourue.
Après lecture lui aussi s’est mis à rire. Entre temps, les deux se sont retrouvés à l’écart. David lui montre les billets de banque. Il y en avait trois billets de 10000 FCFA. Comme d’habitude, David demande l’avis de Tiéba par rapport à la réponse à donner à la fille. Sur place, il est décidé que Tiéba réponde de façon orale à la demande d’amour de Miss Monde. Car elle était élève en classe de 2nde au lycée municipal, établissement fréquenté par Tiéba.
Le weekend passé, les cours ont repris malgré les congés de Noël qui s’annoncent. Tiéba fait la commission à Miss Monde. Les choses sont allées très vite entre eux comme sur des roulettes. David et Miss-Monde étaient collés serrés partout où ils passent. Chaque week-end presque, ils étaient à Bobo-Dioulasso pour passer des moments inoubliables. David, fils de paysan et qui ne rêvait que de telle vie, est devenu sourd aux conseils de son entourage.
Aussi, malgré les séances de sensibilisation sur le mal du siècle à l’époque, David et sa chérie vivent leur amour sans la moindre précaution de protection. Et ce qui devait arriver, arriva. Trois ans durant les deux sont allés un peu partout au Burkina, en Côte-d’Ivoire et au Mali. Au début de la quatrième année, les deux ont piqué un mal. Miss monde en est morte en 1997.
Un an après, soit en 1998, alors que le Burkina Faso était en pleine coupe d’Afrique des Nations (CAN/98), David aussi s’en est allé. Lui qui rêvait d’être un jour artiste musicien d’une renommée internationale, n’a pu réaliser son rêve. Il a vécu comme une étoile filante en marquant son entourage qui continue de parler de lui malgré son départ prématuré.
Souro DAO/ daosouro@yahoo.fr