Fête du travail : Le gouvernement invité à « réviser ses cours » de management

À l’instar des autres pays du monde, le Burkina Faso a commémoré la Journée internationale du travail, le 1er mai 2021. Cette commémoration a été marquée par un meeting à la Bourse du travail de Ouagadougou et la remise de la plateforme revendicative des syndicats au gouvernement à travers le ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale, Séni Mahamoudou Ouédraogo.

Dans son message, Ernest Ouédraogo, président du mois de l’Unité d’action syndicale (UAS), a fait savoir que c’est avec beaucoup d’amertume que l’UAS transmet à l’attention du gouvernement une plateforme revendicative en lieu et place du traditionnel cahier de doléances. Cette amertume selon lui, est liée à l’état du dialogue social ces dernières années.

En effet, il note que la dernière rencontre du gouvernement avec les syndicats date de 2017, et c’était au compte de l’année 2016. L’UAS a légitimement déposé un préalable qui portait sur la mise en œuvre d’un engagement relatif au règlement de la question de l’UITS sur les primes et indemnités des travailleurs du privé et du para-privé. Cependant depuis 2019, elle a exprimé sa disposition à prendre part à la rencontre.

L’UAS invite le gouvernement à respecter les partenaires sociaux et à donner un
sens au dialogue social

Malheureusement à diverses reprises, le gouvernement a annoncé la programmation de la rencontre sans donner de suite malgré les réponses favorables de l’Unité. À la même attitude de rupture du dialogue, le porte-parole de l’UAS laisse entendre que le gouvernement a procédé à l’élaboration et à l’adoption des textes d’application de la loi 081 sans concertation préalable avec le monde syndical.

Pourtant en août 2020, l’UAS a adressé une lettre de protestation au gouvernement pour demander que l’Unité soit associée à l’adoption des textes d’application. En remettant donc cette plateforme revendicative à Séni Mahamoudou Ouédraogo, l’UAS interpelle le ministre de la fonction publique et le gouvernement afin qu’ils reconsidèrent leur management. Le ministre de la Fonction publique, quant à lui, s’est réjoui de recevoir cette plateforme revendicative qui synthétise les préoccupations des travailleurs burkinabè. Il rassure l’UAS que ses doléances seront transmises à qui de droit ce jour même (NDLR : 1er mai). Et d’informer que “le directeur de cabinet du chef du gouvernement, Luc Hien qui est avec moi se chargera de les transmettre à qui de droit et qui feront l’objet d’un examen avec la plus grande attention de la part du gouvernement”.

 A Bobo, on veut une amélioration des services sociaux de base

L’Unité d’action syndicale des Hauts-Bassins a célébré le 1er mai à travers une marche-meeting organisée dans la ville de Bobo-Dioulasso. « En mémoire des victimes de la résistance populaire ! En mémoire des ouvriers de Chicago ! Respect ! Respect ! Respect ! Camarades, toutes les victimes des crimes de sang, Vérité et Justice ! Trop, c’est Trop ! ». Tels sont les slogans qui ont animé la marche des syndicats lors du 1er mai 2021.

C’est devant le Gouvernorat qu’ils ont remis une liste de doléances à Lamine Soulama, Haut-commissaire du Houet, représentant le gouverneur des Hauts-Bassins. Dans leur déclaration, ils ont porté leurs revendications sur deux secteurs à savoir, l’éducation et la santé. Selon Bakary Millogo, Secrétaire général de la Confédération Générale du Travail du Burkina (CGT-B) des Hauts-Bassins, « Nous avons choisi l’éducation et la santé, car ce sont des préoccupations majeures de la population. Nous sommes dans une situation de reproduction de classes, car l’école publique est devenue une école des pauvres. Aujourd’hui, nos enfants devraient étudier dans de meilleures conditions que nous. Mais, nous constatons le contraire.

Le domaine de la santé est encore pire. De nos jours, la santé est devenue un produit capitaliste, si tu n’as pas d’argent tu meurs. Aujourd’hui, les agents formés par l’Etat se retrouvent dans des cliniques. Cela veut dire qu’ils se sucrent sur le dos de la population avec la complicité du gouvernement. Nous disons non à cela ».

Ben Alassane DAO

Aïcha TRAORE