S’il y a une question très importante à laquelle le gouvernement Dabiré II, à travers son ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme Bénéwendé Stanislas Sankara doit faire face, c’est bien celle du foncier urbain et rural. Le président du Faso, alors candidat à sa succession l’a inscrite dans son programme quinquennal. C’est une véritable bombe qui, s’y l’on la laisse telle quelle, va grossir de jour en jour. Si on ne prend pas non plus toutes les précautions pour la désamorcer à temps ou plus tard, elle risque d’emporter beaucoup de monde, pour ne pas dire qu’elle peut remettre en cause les efforts de cohésion sociale et de vivre-ensemble faits jusqu’à présent. Le Sankariste Bénéwendé Sankara a donc une véritable patate chaude, à lui refilée par son prédécesseur, dans les mains. Y pourra-t-il quelque chose ! C’est tout le mal qu’on lui souhaite.
Maitre Sankara est donc très attendu sur cette question cruciale dans les villes comme dans les campagnes. Car, au Burkina Faso, chacun veut être propriétaire d’un lopin de terre. Alors que tout le monde sait très bien que tout le monde ne peut avoir ni une parcelle d’habitation, ni un lopin de terre. Même si on lotit tout les 274 000 km2 du territoire national, tout le monde ne peut obtenir un lopin de terre. Mais cela suffit-il comme raison pour que certains, en ville s’attribuent des dizaines de parcelles ? Cela suffit-il pour certains s’octroient des centaines voire des milliers d’hectares ? Cela suffit-il pour que des agences immobilières dépossèdent par la spoliation des propriétaires traditionnels de terres ?
En effet, si Bénéwendé Sankara veut réussir sa mission, il faut d’abord qu’il rende la terre non commerçable. Autrement, tant qu’on pourra vendre ou acheter la terre, il y aura une forte spéculation tout autour. Par contre, comme cela se passe ailleurs, chaque Burkinabé qui le désire ou qui en a les moyens doit pouvoir s’acheter un appartement ou une maison, pour y vivre tranquillement. Car, il ne sert à rien d’attribuer des parcelles à des gens alors qu’ils n’ont pas les moyens pour y bâtir des habitations dignes de ce nom.
C’est pour cela, Maitre Bénéwendé doit pouvoir mettre de l’ordre dans le secteur des agences immobilières qui se créent comme des associations de quartiers qui ne font, pour la plupart, que de la véritable spéculation foncière. On ne doit pas tolérer cela dans un pays qui veut assurer l’avenir à ses habitants. Dans les campagnes, la question est tout aussi préoccupante. Car, là-bas, en lieu et place des parcelles, ce sont de vastes domaines que se taillent les plus riches au détriment de propriétaires terriens qui, pour des raisons qui n’en valent pas la peine, se débarrassent de leurs terres. Et qui se retrouvent du jour au lendemain, plus pauvres qu’ils ne l’étaient. Car, n’ayant plus de terres pour produire, ils viennent grossir les rangs des personnes démunies. Il faut tout de suite freiner l’hémorragie pour ne pas avoir à faire un malade inguérissable dans les bras. En tout cas si ce n’est déjà pas le cas !
Dabaoué Audrianne KANI